clemm_mct (avatar)

clemm_mct

Lycéen | Écosocialiste

Abonné·e de Mediapart

12 Billets

0 Édition

Billet de blog 24 février 2025

clemm_mct (avatar)

clemm_mct

Lycéen | Écosocialiste

Abonné·e de Mediapart

En Allemagne, la renaissance salvatrice de Die Linke

Les résultats des législatives anticipées de ce dimanche sont très inquiétants en Allemagne. Si c'est bien la droite (CDU/CSU) qui arrive en tête, le parti fasciste aux références clairement nazies AfD fait le plus gros score de son histoire en doublant son score en quatre ans. L'effondrement du "centre" et de la "gauche" néolibérale attendu s'est confirmé.

clemm_mct (avatar)

clemm_mct

Lycéen | Écosocialiste

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le QG de campagne de Die Linke était plein dimanche soir en Allemagne. Et c'est avec des cris de joie qu'ont été accueillis les premières estimations. Donné aux alentours de 3% dans les sondages, le parti a grimpé jour après jour dans les intentions de vote à l'approche du scrutin, pour finir à 8,8%, soit une hausse de quatre points de son score de 2021.

Il faut dire que Die Linke revient de loin, et que cette performance (qui peut sembler faible en comparaison avec la "puissance" relative des gauches en France, rassemblant 29% dans une alliance de type Nouveau Front Populaire) est un réel succès pour la gauche radicale allemande. Rassemblant 9,24% en 2017 (4,3 millions de voix), le parti s'était effondré en 2021 en rassemblant seulement 4,9% (2,3 millions de voix, soit 2 millions de voix de perdues).

Cette renaissance est d'autant plus notable que le départ fracassant de Sahra Wagenknecht (une des figures les plus médiatique du parti) et la création de son mouvement, le BSW, avait siphonné les voix de Die Linke aux élections Européennes. Déjà assez faible en 2019, le parti avait récolté 5,5% des voix (2 millions) pour un total de cinq sièges. En juin dernier, Die Linke n'avait rassemblé que 2,7% (1 million de voix) pour trois sièges, tandis que le BSW nouvellement créé obtenait 6,2%, rassemblait 2,5 millions de voix et empochait six sièges d'eurodéputés.


Illustration 1

Le rapport de force au sein de la gauche radicale s'est donc inversé en quelques mois, Die Linke repassant en tête, poussé par une forte dynamique et une ligne politique revisitée. Fort de ses 8,8%, il multiple par 1,8 son score de 2021 et gagne un peu plus de deux millions de voix. Par rapport aux Européennes de juin dernier, c'est une progression de 6 points et de plus de 3,2 millions.

L'analyse précise des résultats montre une tendance claire dans cette recomposition du vote Die Linke : le parti est devenu le premier parti chez les moins de 25 ans (+25%), détrônant le parti des Verts (Grüne) jusqu'ici plébiscité par les jeunes et remporte six circonscriptions, dont quatre à Berlin. Tout comme la gauche radicale s'est ancrée dans les grandes villes de France, il semblerait que c'est également dans la capitale allemande que s'installent les bastions de gauche.

Cette renaissance reste à construire, car l'extrême-droite obtient 152 élus avec 21% (+10 points) et la CDU-CSU 208 députés avec 28,5% (+4 points), restant ainsi large leaders. Le parti social-démocrate SPD tombe à 120 sièges avec 16% (-9 points), les Verts sauvent 85 parlementaires avec seulement 12% (-3 points) tandis que Die Linke atteint 64 députés (+25 nouveaux élus).

Cependant ces résultats nous permettent de tirer des leçons simples, mais claires : le BSW de Sahra Wagenknecht, qui avait adopté une ligne très conservatrice et dure sur les questions sociétales et migratoires n'arrive pas à atteindre les 5% et échoue donc à envoyer des députés au Bundestag : il n'y a pas d'espace politique pour une "extrême-droite de gauche". Le parti centriste s'effondre largement sous la barre des 5% et n'obtient donc aucun député : le centre n'apporte plus de solutions satisfaisantes pour les électrices et les électeurs. Enfin, la politique de centre-gauche menée par le SPD allié au Verts jusqu'ici n'a pas permis de répondre aux aspirations des allemands, puisque l'AfD a progressé comme jamais et que c'est la droite qui est repassée en tête. Tout reste donc à construire, avec une seule ligne et une seule boussole : une gauche forte et radicale à l'avant-garde des victoires futures.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.