Mon petit rendez-vous du mardi avec Aqui !
Il annonce la rentrée de la presse à l'heure du numérique, le 21 septembre à Cenon
La Journée Smart Médias et Renaissance du Journalisme (avec le J majuscule).
C'est le sujet de tous les sujets pour les medias papier et numérique. Aqui n'a pas réussi le défi papier. Il va sans doute vouloir nous démontrer qu'en fait, ce n'est pas de la faute à la presse écrite si c'est difficile de tenir, mais la faute à la crise, au coût du papier, à la baisse de la publicité...Que c'est aussi la faute au comportement de nos contemporains, qui surfent, zappent sans lire vraiment, une avidité passive, une consommation éphémère.
Je refuse cette prémonition. Oui, nous sommes abonnés à Médiapart, à Aqui, à Sud Ouest numérique, mais aussi à la PQR locale papier, à Diapason et à Télérama, et nous achetons en kiosque Marianne, Science et vie et Auto plus... et le Canard enchaîné, bien sûr...
Nous ne roulons pas sur l'or pour autant... c'est une question de choix, petite bagnole, pas de téléphone portable, pas de résidence secondaire...
Le numérique est -il appelé à remplacer le papier, notamment la presse Quotidienne régionale ?
Aujourd’hui et pour 20 ans encore, sans doute pas : le dire, c’est sous-estimer la part sociale et sociétale du journal papier qui consiste à lire ensemble le même jour les mêmes informations concernant sa ville, son département, sa région et un peu au-delà : faits divers, catastrophes, Tour de France et autres évènements fédérateurs qui rassurent parce qu’ils fondent l’appartenance à un groupe et lient les hommes entre eux. Lire la PQR, c’est pouvoir parler ensuite du maire, d’un spectacle et autre-rendez-vous... au café, en poussant son chariot dans le magasin, en attendant le gamin devant les grilles de l’école.
Bref, c’est l’organe de l’information, commun et communautaire qui renforce l’appartenance à un groupe social et donne la satisfaction de pouvoir discuter avec chacun et avec tous d’un même sujet.
L’information numérique, c’est tout le contraire : la démarche est individualiste et sectaire, l’utilisateur de l’information numérique choisit ses sujets, ses journaux - il peut éventuellement zapper sur plusieurs titres ce qui lui ouvre l’esprit, certes - mais dans tous les cas, il ne partage plus, il n’échange plus car l’offre d’information est tellement vaste et surnuméraire qu’il n’y a aucune chance pour que le voisin de palier ou de quartier, ou de café ou de marché ait lu la même chose que lui ou elle.
Avec la presse écrite quotidienne, on est toujours dans le lien social et l’altérité.
Nous sommes des utilisateurs réguliers d’internet pour notre culture personnelle et notre activité professionnelle, cette démarche est très autocentrée et ne nous satisfait pas, c’est pour cette raison que nous achetons des journaux papiers. Les communautés numériques, dont l’infidélité ou zapping est la caractéristique, qui survivent à la virtualité de ces relations, créent aujourd’hui des supports papiers.
Ajoutons, pour le détail, que le lecteur lambda de la PQR a entre 35 ans et 80 ans, et que si les quinquagénaires et sexagénaires - dont nous sommes - se sont familiarisés à l’objet numérique (portable, Ipod et autres supports...), sa consultation reste très aléatoire dès que l’on est obligé de porter des double-foyers.
Alors, oui, sans doute dans 20 ans, lorsque la société sera exclusivement composée de générations numériques, la presse papier aura singulièrement diminué ses parutions mais le débat restera entier et philosophique : aura-t-elle perdu la cause identitaire d’un groupe social, d’un idéal ?
Voilà mon homme qui me rejoint en cuisine où je prépare le repas du midi. Il me fait la lecture de l'article de Télérama sur Thierry Marx , un grand chef... cuisine. Il y a tout dans ce moment à deux : la presse papier, un excellent article qui résume la vie d'un homme qui a su concilier le grand et le petit, la modernité et la tradition, la science et le social, et l'échange, et le partage. Délicieux moment du quotidien.
Tiens, mon journal s'appelle aussi un quotidien.
Au bar du marché, là-bas dans ma ville moyenne, les clients passent en revue et de main en main la Montagne, leur journal papier. C'est toujours, l'échange, le partage.
Bon, je sais, lorsque je me décide, après presque deux ans d'abonnement à Médiapart, à ouvrir un blog, cela devrait être aussi de l'échange et du partage, oui mais voilà...
Le monde numérique montre ses limites : il n'en a pas, trop vaste, trop grand, trop dispersé.