Clotilde Palot

Abonné·e de Mediapart

17 Billets

0 Édition

Billet de blog 11 novembre 2015

Clotilde Palot

Abonné·e de Mediapart

Témoignage d'un clerc de notaire

Clotilde Palot

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Voici le post d'une jeune amie, clerc de notaire, que je publie ici avec sa permission.

 Elle est clerc unique d'un office créé

Elle s'en voit tous les jours

Mais elle garde le sourire

Depuis plus d'un an, elle est "furibarde"

Comme d'autres clercs membres de l'association de Sauvegarde et de promotion du Notariat (ASPN)

Ces clercs nous accompagnent depuis un an dans notre combat contre la Loi Macron. Ils ne luttent pas pour, seulement, préserver leur emploi mais pour une certaine idée du notariat.

Ils ne luttent pas pour défendre leur patron, même si parfois, ils sont en colère contre leur patron, comme nous, patrons nous râlons contre eux. C'est la vie de l'entreprise.

Ils ont tous su monter au créneau.

Ils ont su aussi accueillir des patrons. et échanger avec eux. J'en suis !

On n'est pas toujours d'accord mais on mêle nos points de vue. On avance.

Anne est comme eux tous, elle a publié ce message cette nuit, sur la page Fabebook "Tu es clerc de notaire ou notaire si …. ". le Notariat nous rend insomniaques.

Au reveil elle avait un grand nombre de " like" et de commentaires.

Voici ce qu'elle dit à 3 heures du mat ce mercredi 11 novembre 2015

C'était il y a six ans.
Il y a six ans, je faisais mes premiers pas dans un Office notarial.
Fébrile stagiaire en BTS, je poussais la porte d'une Etude pour la première fois. Du notariat, je ne savais pas grand chose. J'avais tout juste compris la blague de ma prof de techniques notariales « Une minute c'est pas 60 secondes ». Mes vagues souvenirs remontent à l'âge de 6-7 ans, quand mes parents avaient acheté leur maison. J'avais le souvenir d'une Etude poussiéreuse et d'un h...omme bien mystérieux. J'étais anxieuse et pourtant c'était hier.
J'étais bien loin d'imaginer le parcours qui m'attendait.
Bien loin d'imaginer le rôle si important du Notaire dans la société.
Bien loin d'imaginer que tant de personnes allaient compter sur moi et sur les tâches que j'allais accomplir.
Bien loin d'imaginer la diversité des tâches, des domaines et le plaisir d'en apprendre tous les jours.

Voilà donc maintenant quelques années que j'ai découvert les contours de notre métier....

Aujourd'hui et souvent je râle.
Contre le client de mauvaise foi. Contre la Loi Macron. Contre le manque de considération envers les standardistes. Contre le manque de professionnalisme. Contre le manque de ponctualité. Contre les banquiers. Contre mon bureau que je trouve trop petit. Contre quelques agents immobiliers – et syndics. Contre le manque de respect. Contre les successions déficitaires. Contre les délais. Contre la défiance. Contre les lois débiles. Contre certains Confrères et parfois même Contre le photocopieur qui décide de faire un bourrage papier.

Mais en réalité je suis une imposteur. Je râle mais ça ne dure pas très longtemps parce que j'aime mon métier.
-J'aime le sourire de la mamie reconnaissante qui me sourit parce qu'elle est rassurée.
-J'aime l'enthousiasme des primo-accédants.
-J'aime être présente dans les projets importants de la vie de mes clients et de me dire que c'est un peu grâce à moi.
-J'aime quand les hypothèques m'appellent avant de faire un rejet.
-J'aime me confronter à des nouveaux cas juridiques, faire des recherches – ne pas rester sur mes acquis.
-J'aime le fait qu'on puisse compter sur moi et le sentiment de confiance.
-J'aime ces petits jeunes plein d'amour qui viennent pour des renseignements pour se pacser.
-J'aime ce jeune couple d'octogénaires qui vient à l'étude pour se pacser après un long veuvage chacun de leur côté.
-J'aime le commerçant du coin qui nous fait confiance.
-J'aime qu'on se souvienne de mon nom et qu'on ne veuille parler qu'à moi.
-J'aime la relation de confiance nouée avec le temps avec des banquiers, agents immobiliers et autres interlocuteurs.
-J'aime la solidarité qu'il existe avec les clercs des études de France et de Navarre.

Voilà maintenant six ans que je côtoie ce monde et en ces temps difficiles et d'incertitudes, de doutes, il me semble assez judicieux de bien conserver à l'esprit les raisons qui nous font lever le matin..... Et ne garder en tête que le meilleur.

Merci Anne

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.