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Billet de blog 22 février 2018

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La démocratie c'est vous !

" La démocratie c'est vous ! ", lançait Emmanuel Macron à son homologue nigérien Mahamadou Issoufou lorsque fin décembre dernier, il rendait visite aux soldats français de la force Barkhane stationnée à Niamey.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Son opposition comme la société civile ne le perçoivent pas nécessairement  comme tel. En effet la colère gronde depuis quelques mois tant le climat social est explosif. Les tensions déjà palpables ont été ravivées par la loi de finance 2018 dont les mesures commencent en ce début d’année à être mises en œuvre, portant en elles leur lot de mécontentement. 

Les nigériens sont loin d’être acquis aux priorités portées par ce budget, qui, selon eux, ne permettent pas d’assurer la redistribution, levier pourtant essentiel de la cohésion sociale. La croissance de 4 %, plutôt soutenue ne permet pour autant pas de réduire la pauvreté qui touche toujours  un nigérien sur deux,  alors que dans le même temps des allégements fiscaux sont consentis pour les multinationales, ce que la population a de plus en plus de mal à accepter. Avec une administration exsangue, une captation de la manne financière par une élite qui s’auto reproduit et un déploiement sans précédent de forces militaires occidentales, cette population se perçoit comme injustement traitées par ses dirigeants. Elle estime que  l’indépendance du pays est bradée. Entre forces militaires occidentales qui installent des bases dans tout le pays et grands groupes industriels qu’ils estiment dépouiller le pays de ses richesses, la société nigérienne semble passer de l’exaspération à la révolte.  

En effet il ne se passe pas un mois sans que Niamey ne soit le théâtre de manifestations contre le gouvernement qui n’arrive pas à gagner l’adhésion de son peuple alors qu’il est courtisé par les européens, les américains les monarchies du golfe ou les  chinois.  Le sahel au cœur duquel se trouve le Niger devient un enjeu  de géopolitique majeur, notamment sur le plan de la sécurité.  Sa géographie en fait un territoire central, pour la lutte contre le terrorisme, et le grand banditisme. Les réseaux de criminalité liés à la drogue et à la traite des êtres humains en font une voie d’accès vers le Nord du continent dans l’espoir d’accéder à  l’Europe, via notamment la filière libyenne. La sécurité, Il en est également question s’agissant des ressources dont le sous sol regorge, qu’il s’agisse des énergies fossiles ou des minerais parmi lesquels l’uranium dont la filière nucléaire française dépend considérablement.

Ce ne sont ni les quelques millions investis par les pays étrangers dans le dispositif militaire du G5 Sahel, ni le faible rendement en devises des matières premières dont tirent bénéfices les multinationales qui arrivent à calmer le ressentiment grandissant des  nigériens.

Si M. Issoufou est plutôt apprécié par ses homologues étrangers et au premier chef desquels le président français, il n’en demeure pas moins que son horizon n’est pas des plus dégagé, dans la mesure où la constitution ne lui permet pas de briguer un nouveau mandat, si toutefois celui-ci se termine sans encombre. En effet, s’il se distingue avec une certaine reconnaissance de ses pairs au niveau international, ce qui lui vaut la présidence du G5 Sahel qui vient de lui être confiée,  il n’est pas exclu que le climat social ne dégénère et que les nigériens ne soient tentés de tourner la page de la gouvernance actuelle plus tôt que prévus.  La démocratie nigérienne pourtant très jeune est manifestement à bout de souffle.

T.B.

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