Dans les années 90, ils ont tous chanté « Marx est mort », et c’est vrai qu’il était mal en point. Les régimes qui s’en réclamaient venaient de sombrer dans le discrédit le plus total et le capitalisme dont le marxisme annonçait la mort semblait au contraire mener le monde vers des lendemains qui chantaient, seule la guérilla des F.A.R.C était encore qualifiée de marxiste. Avec le réveil de l’islam et de l’intégrisme chrétien on célébrait à nouveau l’union si prometteuse du C.A.C, du croissant et du goupillon. Les larmes de crocodiles sur la liberté des peuples opprimés par le communisme séchaient vite quand le communisme chinois recyclé se mettait à livrer sa population pieds et poings liés à l’exploitation. Il suffisait de retoquer un peu le système pour faire des anciens pays communistes de vrais eldorados pour délocaliseurs.
Exit donc le marxisme ? C’est à voir, il faut faire l’inventaire. Il me semble par exemple qu’un vieux concept dont les braves gens nous disaient qu’il était obsolète est plus vivace que jamais : celui de lutte des classes. Jamais, cela n’a été aussi clair, le sarkosysme nous montre chaque jour combien il est important pour que certains aient leur Rolex que d’autres ne puissent pas satisfaire leurs besoins les plus élémentaires, et ce ne sont pas les gesticulations de circonstances sur les paradis fiscaux ou la rémunération des patrons qui y changeront quelque chose. Un autre concept marxiste me semble reprendre du service, celui de guerre idéologique : l’idéologie dominante est l’idéologie de la classe dominante et pour la contrer, il faut soulever la chape de plomb. L’existence de nouveaux medias comme celui que nous employons ici rendent cette lutte de plus en plus acharnée.
Je ne suis pourtant pas en train de dire qu’il faut revenir aux vieilles recettes du socialisme d’autrefois. Il est vrai qu’elles étaient liberticides, même si les gens qui versaient sur la liberté des russes ou des chinois des larmes de circonstances ont prouvé qu’ils s’en tapaient. On peut remarquer aussi que les marxistes à l’ancienne avaient en commun avec les religions révélées le mépris le plus total pour les questions écologiques. Pour eux, l’homme était le roi de la planète et sa gloire était de soumettre la nature. On se glorifiait de faire pousser du coton dans le désert (la mer d’Aral s’en souvient encore). On rêvait de réchauffer le climat de la Sibérie, là je crois bien qu’on y arrivé, mais sans le vouloir vraiment.
Bref je cherche la quadrature du cercle. L’ancien socialisme a échoué, le libéralisme fait des ravages. La liberté économique ne peut pas assurer le partage équitable des richesses, il ne peut pas protéger les ressources naturelles. Il ne peut pas non plus promouvoir une culture gratuite et vivante. On est donc à la recherche du système qui assurera une vraie démocratie et un développement économique équitable et protecteur de l’environnement. Au fond le marxisme donne un assez bon constat de ce qu'est le capitalisme. En revanche il s'est avéré inapte à proposer des solutions de remplacement satisfaisantes. C'est ce qu'il faudrait faire. Trouver un nouveau modèle de société est à la fois utopique et indispensable.