Mais pour me dévoiler bien sûr ! Tel les vénitiens qui pour aller vivre leurs fantasmes plaçaient sur leur visage un loup qui ne dissimulait pas grand-chose, mais disait : « Attention liberté ! ». Mon avatar est la statue antique d’un comédien qui porte un masque, celui de la colère, celui de Cnémon donc, il affiche ses émotions avec plus d’intensité.
Plusieurs fois, des participants qui utilisent leur véritable identité s’en sont pris à ceux qui, comme moi utilisent des pseudos. Quand on est en désaccord avec quelqu’un qui utilise un pseudo, cela peut être une technique, au lieu d’argumenter, de lui sortir quelque chose du genre « vient le dire en face si t’es un homme ! ».
Etant plutôt quelqu’un qui, dans la vie n’a pas peur de dire les choses en face, je voudrais faire part de mes réflexions sur l’utilité d’utiliser un pseudo. Tout d’abord remarquons que s’il s’agissait de la trouille des autorités, il faudrait être bien naïf car le pseudo ne tiendrait pas trois secondes. Non, je pense que le pseudo permet seulement de faire parler une autre facette de soi-même. Pour se mettre à nu, il faut d’abord se masquer. Si on ne masque pas son état civil, c’est forcément une autre partie de soi que l’on cache. Sur Médiapart les journalistes ne sont évidemment pas masqués, c’est normal, ils engagent leur responsabilité professionnelle. Je remarque aussi quelques autres plumes qui viennent enrichir Médiapart de leur expertise et qui s’expriment sur le sujet dont ils sont spécialistes. La véritable identité est une responsabilité dont on a le droit de se décharger un moment. Moi, sous le nom de Cnémon, je me prive précisément de tout argument d’autorité dans tel ou tel domaine. En échange je garde la liberté de me livrer un peu plus. Il n’est pas vrai, dès qu’on est située dans le temps et l’espace et la société on puisse tout dire, ce serait utopique, je peux le dire d’autant plus facilement que dans le vie, je dépasse souvent les limites de ce que je pourrais dire sans avoir des retours de bâtons. Si on choisit de s’appeler Cnémon, c’est que l’on a un peu de Cnémon en soi. Ceci dit, comme je l’ai déjà exprimé, je voudrais bien pouvoir choisir entre Cnémon et mon vrai nom que j’aurais par exemple choisi pour participer à l’édition sur l’université.
Il me semble donc que les deux façons de vivre Internet sont respectables.