cochon aerodynamique

Abonné·e de Mediapart

7 Billets

0 Édition

Billet de blog 12 septembre 2013

cochon aerodynamique

Abonné·e de Mediapart

L'agro-alimentaire est le grand absent des 34 projets d'avenir du Gouvernement

L’agro-alimentaire : 160 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 10 milliards d’excédent commercial et plus de 400 000 emplois directs ne ferait donc pas partie des projets d’avenir. Il est pourtant absolument nécessaire que les pouvoirs publics reprennent la main et ne soient plus à la remorque de milieux professionnels corporatistes et sclérosés, incapables de formuler des propositions crédibles pour dessiner l’avenir.

cochon aerodynamique

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L’agro-alimentaire : 160 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 10 milliards d’excédent commercial et plus de 400 000 emplois directs ne ferait donc pas partie des projets d’avenir. Il est pourtant absolument nécessaire que les pouvoirs publics reprennent la main et ne soient plus à la remorque de milieux professionnels corporatistes et sclérosés, incapables de formuler des propositions crédibles pour dessiner l’avenir.

La France dispose de nombreuses ressources vivrières dont la valorisation a été progressivement marginalisée par cette obsession du tout-productivisme, tirant l’offre de produit vers le bas et le secteur économique vers la récession. Ainsi en témoigne les graves difficultés structurelles rencontrées actuellement par les différentes filières d’élevage, de la volaille au bovin laitier en passant par le porc.

Ce productivisme est directement à l’origine des graves problèmes de pollution, de la destruction des paysages, de la banalisation des productions et de la paupérisation de la plupart des paysans. Il ne constitue  plus aujourd’hui une issue crédible dans une économie ouverte où l’on se retrouve très vite en concurrence avec des moins-disant sociaux, environnementaux, à nos portes où à l’autre bout du monde. La diffusion rapide de toutes les technologies et savoir-faire spécifiques qui pourraient faire la différence  et dont se rengorgent régulièrement les dirigeants professionnels agricoles ne laissent aucun espoir à ceux qui n’évolueront pas vers d’autres modèles.

L’industrie agro-alimentaire, qui transforme ces matières premières banalisées, devient chaque jour davantage « hors-sol » : les spécialités charcutières régionales sont fabriquées avec des découpes de porcs importées, le navarin d’agneau vient de Nouvelle Zélande et les pommes de la tarte du Chili… sans trop se soucier de la teneur en pesticide, des enfants cueilleurs ou du bien-être animal.

Pourtant les scandales se multiplient. L’opinion publique, dans de nombreux pays développés ou « émergeants », avec la montée de classes moyennes de plus en plus éduquées, sera durablement plus sensible à la qualité des aliments, quitte à en accepter le prix, au moins dans les occasions festives.

La qualité doit être ressentie par le consommateur : directement, goût, texture etc… mais aussi par les annonces prouvées de santé (qualité du gras, sel, pesticides, etc…), de bien être (humain et animal…), et de satisfaction culturelle : authenticité, lien au terroir, tradition gastronomique.

La France doit jouer cette carte. Elle possède encore de nombreux savoir-faire en production, transformation, traçabilité et organisation sanitaire, alliée à une image flatteuse de pays du bien boire et du bien manger.

Elle abrite en outre plusieurs sociétés de distribution parmi les plus performantes et implantées dans le monde.

Sa production viticole, qui tire en fait à elle toute seule l’excédent du commerce extérieur, est une locomotive sans beaucoup de wagons.

Aux pouvoirs publics de prendre leur responsabilités, ceux du redressement productif, de l’agriculture, de l’agro-alimentaire et du commerce extérieur, mais aussi et surtout aux dirigeants professionnels, et pas seulement agricoles : il faut bâtir des plans sectoriels à moyen-long terme.

L’avenir est dans la qualité, la montée en gamme, la création de valeur ajoutée par la compétitivité « hors coût » de nos produits, qui produiront de la croissance et de l’emploi, principalement dans nos campagnes de plus en plus abandonnées.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.