Le film s’ouvre sur un rendez-vous entre une infirmière (Dorothy) et un « malade »(Owen) De quoi souffre ce patient ? d’homosexualité… Et parmi les thérapies, il existait dans l’Angleterre des années 1920 des simulations de rendez-vous « galants » - Mais on pratiquait aussi ablations et greffes, celles recommandées par le physiologiste autrichien Eugen Steinach -cité dans le générique de fin- Pour son premier long métrage Will Seefried s’inspire ainsi de ces faits réels. (et Philip, interprété par Robert Aramayo, médecin homosexuel et homophobe, bien après l’intervention clame sa reconnaissance (tu m’as sauvé la vie…en clair tu m’as débarrassé de mes amours coupables …grâce à la greffe d’un testicule « sain »)
Comment commence l’histoire ? s’enquête Dorothy Le parcours qui a conduit Owen de sa vie à la campagne jusqu’à cet hôpital est évoqué par des flash-back -comme autant de sauts antéchronologiques- intercalés avec ce présent. Ce va et vient constant crée une dynamique interne qui se double d’un contraste saisissant entre les douceurs de l’idylle et le sordide de l’hôpital, entre une nature enchanteresse et la morbidité des lieux de « guérison », entre les couleurs pastel et le vert gris Le montage privilégie certains raccords afin d’assurer la fluidité de la narration (fluidité scandée par la récurrence de certains objets -machine à écrire, piqûre, par les jeux des lumières artificielles ou non par les rencontres avec l’infirmière) mais aussi par ces mises en parallèle sous forme d’échos intérieurs (la danse, le plaquage au sol dans la cellule et celui dans le bar suite à une arrestation) on ne duplique pas mais on accentue la portée symbolique (hormis l’éden fleuri, quel que soit le lieu où il évolue, l’homosexuel subit opprobre et damnation) A cela s’ajoute la partition orchestrale signée Theodosia Roussos (cordes, piano, harpe et une présence vocale), qui épouse tantôt la féerie de l’amour charnel tantôt la plongée dans l’horreur
Dans un univers bucolique, une chaumière cottage ! Les couleurs pastel (typiques de certaines photographies et de certains tableaux) s’emparent du corps des amants - carnation blanchâtre et ouatée. Les séquences amoureuses sont traitées avec cette délicatesse sensuelle qui exclut tout voyeurisme, la quiétude des échanges (entre Owen et Philipp entre Owen et Charles) valorise la chair en offrande. Elans oblatifs et cri primal de la jouissance. Auxquels s’opposent les gestes saccadés et cruels du personnel soignant (cf la séquence de maltraitance dans l’escalier ou les propos si dédaigneux du médecin chef)
Si le film décline trois manières de vivre son homosexualité - incarnées par Philip Owen et Charles -, on peut certes déplorer quelques complaisances (choix esthétisants dus au parti pris formel), la perversité de Philip (ne pas spoiler…) et des invraisemblances .
A l’antépénultième du récit, Dorothy souhaite une fin heureuse
Et voici qu’une constellation de fleurs envahit l’écran
l’enveloppe corporelle d’Owen disparaîtra sous ce linceul
Un film plaidoyer que je vous recommande
Avec Fionn O'Shea (Owen) Robert Aramayo (Philip) Erin Kellyman (Dorothy) Louis Hoffmann (Charles)
Festival international du film de la Riviera italienne de Sestri Levante (6-11 mai)
Dans l'Angleterre des années 1920, un romancier homosexuel et son infirmière psychiatrique se lient d'une amitié improbable au cours d'une série de « rendez-vous » prescrits par le médecin. Au fil de leurs conversations, il se confie sur l’histoire de la relation qu’il entretenait avec un ami de longue date. Cette liaison a basculé lorsque les deux hommes ont eu recours à une méthode à haut risque, destinée à se guérir des sentiments interdits qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre
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