Présenté au festival Premiers Plans Angers 2025 ( Compétition Diagonales)
Présenté en avant-première au festival Ciné Friendly festival LGBT+ Rouen Omnia avril 2025
Victoria remonte le temps pour comprendre ce qui la définit en tant que femme et se confronte alors au deuil de son amie Meril. Le film devient un espace pour partager sa douleur et les souvenirs de son opération avec Athena et Aamina, elles-mêmes au début de leur propre parcours de transition. En retournant en Thaïlande, elles partent à la recherche des fantômes du passé et d’un futur meilleur.
Ce qui s’est passé, je ne le partage avec personne d’autre que vous
Voici un gros plan sur une collecte d’objets, Objets reliques, matérialité nécessaire à la "reconstitution" de cette "memoria"?. Tout le film est comme le prolongement de cette "collecte " qu'accompagnera la musique singulière d'Arno Ledoux : Trans memoria entremêle en effet avec une certaine fluidité des archives de 2012 (l’année où Victoria entreprit sa transition en Thaïlande et rencontra Meril) des reconstitutions, des images actuelles (en compagnie d’Athena et Aamina) des fragments numériques et de la vidéo. Et simultanément le documentaire est traversé par un questionnement sur la "nécessité" et la "façon" de filmer sa propre expérience; ainsi les choix formels seront en étroite harmonie avec le problème existentiel du "devenir perdre survivre", du problème éminemment philosophique de la Vie et de la Mort
Film où se superposent plusieurs temporalités et du point de vue purement formel vont se succéder de longs plans fixes sur des paysages désertés par l’humain cadrés telles des peintures -à la dominante ocre sépia, et au final le gris cendré du minéral-, plans fixes aussi sur l’intérieur de l’hôpital revisité (escalier, couloirs), zooms sur des insectes dont la récurrence se prêterait peut-être à une lecture psychanalytique ( ?) En tous les cas: ce sont bien les lieux qui sont porteurs de la "mémoire" la parole ne fait qu’y suppléer (cf l'instant où Victoria tente de retrouver Meril dans cette chambre, Meril cette "sœur" morte de ne pas avoir pu être qui elle souhaitait devenir)
Trans memoria est un film trans, réalisé par une femme trans. On est aux antipodes d’Emilia Perez de Jacques Audiard… Le spectateur est comme au chevet de Victoria, le corps tordu de douleurs (elle se filme juste avant l’intervention le visage déformé par les pleurs les craintes, les doutes … flashs sur les mutilations subies pour une vaginoplastie, un véritable "charcutage" ) ; tout comme il est à l’écoute des conseils sur la « dilatation », prodigués à Athena et Aamina (voix off suave…) Il semble assister à une tragédie à l’antique ne serait-ce que par la prégnance de ce chœur de femmes, de ces blessures à vif, à la portée universelle
Invité à "partager" une expérience - journal intime fait de "méditation contemplative" et de soubresauts spasmes corporels sur la transidentité il va non seulement s’approprier ces arcanes, mais participer activement à l’érection d’un tombeau (sens littéraire) dédié à Meril alors qu’au final le rire si généreux de la sororité retentit tel un hymne à la Vie…
Un documentaire à ne pas rater…I see you in me…