Avec Leonie Benesch Sonja Riesen, Selma Adin
Floria est une infirmière dévouée qui fait face au rythme implacable d’un service hospitalier en sous-effectif. En dépit du manque de moyens, elle tente d’apporter humanité et chaleur à chacun de ses patients. Mais au fil des heures, les demandes se font de plus en plus pressantes, et malgré son professionnalisme, la situation commence dangereusement à lui échapper…
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Ballet de blouses qui, bien serrées, bien propres vont s’entassant sur le portant mouvant (à l’instar des « missions » qui iront s’entassant pour le personnel soignant ?) C'est la scène d'ouverture Blouses bleu pétrole destinées aux infirmières. Floria est l’une d’elles.
Et nous allons la suivre depuis son arrivée -au vestiaire où elle se déshabille, chausse des baskets confortables achetées en solde précise-t-elle à une collègue, jusqu’à son départ en bus… La caméra semble lui coller à la peau (tout comme elle colle aux visages, aux mains, aux yeux des patients).dans le circuit parfois dédaléen qu'emprunte l'infirmière (entre chambres de malades -à 1 ou 2 lits- salle de stockage des médocs, couloirs, ascenseurs, morgue) trimbalant tout l’attirail de soins, le matériel d’auscultation de désinfection etc . Prise en charge une expression à prendre dans toutes ses acceptions. Tout cela à un rythme d’enfer, que scande la répétition précise rapide et méticuleuse des mêmes gestes. A son accélération correspond une musique quasi forcenée. D'autant que cette nuit-là - mais aussi de plus en plus souvent-, le personnel soignant est en sous-effectif et que le médecin chirurgien oncologue ayant opéré quasiment toute la journée ne peut assurer sa "visite" personnalisée A Floria de "gérer"
Filmée de dos ou de face, en plan américain ou de pied en cap, à l’écoute bienveillante de patients ou exhortant avec sévérité les récalcitrants à se plier aux règles de la communauté hospitalière, la talentueuse Leonie Benesch (cf la salle des profs) incarne cette Floria, symbole d'un corps de métier sans lequel….Or dit le générique de fin 36% des infirmiers/ières démissionnent dans les 4 ans qui suivent leur prise de poste ; il manquera 13 millions d'infirmières dans le monde en 2030 selon l'OMS. Constat sans appel…Et même si le film aux allures de documentaire est une "fiction", s’il use de symboles -gros plan sur les chaussures usagées au vestiaire, sur les nuques des deux femmes dans le bus au final ….(ne pas spoiler), si sa structure obéit à une dynamique interne et à une progression quasi dramatique (Floria commet des erreurs, on s’attend à un pétage de plomb ) - les fenêtres que l’on ouvre sont des " bouffées d’air" pour le spectateur aussi -, voilà un film d’utilité publique à projeter à l’Assemblée nationale, et/ou au Sénat, par exemple, au moment du vote du budget, quand le capitalisme financier n’a que mépris pour son personnel soignant ….tant il est obnubilé par la "rentabilité"
Virevoltant d’un patient à l’autre (comme dans un état d’urgence permanent) Floria non seulement aura dispensé les "soins" que réclament les corps malades (certains quitteront définitivement l’ici-bas, cancéreux incurables ou en phase terminale) mais aussi par un mot, un sourire, une parole apaisante elle aura incarné ce baume d’humanité… Est-ce que vous serez là demain ?
En première ligne, un hommage
En première ligne, un cri d’alarme
En première ligne, un film à ne pas rater