Avec Renate Reinsve (Nora) Stellan Skarsgård (Gustav le père) Inga Ibsdotter Lilleaas (Agnès la sœur) Elle Fanning (Rachel) Anders Danielsen Lie (Jakob) Jesper Christensen (Michael)
Grand Prix du Festival de Cannes 2025
Agnès et Nora voient leur père débarquer après de longues années d'absence. Réalisateur de renom, il propose à Nora, comédienne de théâtre, de jouer dans son prochain film, mais celle-ci refuse avec défiance. Il propose alors son rôle à une jeune star hollywoodienne, ravivant les braises de souvenirs de famille douloureux.
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Joachim Trier récompensé à Cannes par le prestigieux Garand prix du festival, ne signe pas pour autant son "meilleur" film…
Certes l’enchevêtrement passé présent, fiction réel, le questionnement sur l’art (en général) et la fonction cathartique de l'écriture, la relation au père, patriarche égotique en mal de "reconnaissance" sur la scène internationale, ne versent jamais dans la facilité du "sentimentalisme" et la complexité "apparente" est diluée dans la fluidité et l’ironie (on rira souvent de bon cœur même dans les saynètes sur la décrépitude). Mais le classicisme de la mise en scène, l’abus du champ/contre champ, le passage systématique écran noir -censé signaler l'éclatement de la chronologie, ou la porosité fiction/réel , des symboles trop appuyés (la fissure qui lézarde la maison familiale à l’instar des blessures aux cicatrices toujours béantes ; la superposition progressive des trois portraits en effigie anamorphosée envahissant un moment l’écran) tout cela (et bien d’autres choses encore) nuit hélas au propos…
Mais il y a trois acteurs formidables qui chacun incarnant avec brio une forme d' archétype transcende l’immanence Inga Ibsdotter Lilleaas en Agnès, historienne, gardienne d’une mémoire familiale et nationale (sur les traces d’Ingrid la grand-mère résistante victime de tortures, la séquence des archives dans ses ellipses et ses silences suggestifs est bouleversante) fille et sœur aimante et dont le fils perpétuera la valeur sentimentale. Renate Reinsve (l’héroïne de Julie en 12 chapitres) incarne avec subtilité et finesse une Nora tourmentée (une séquence où corsetée dans son costume qui l’oppresse, détraquée par le trac, elle risque d’annuler la représentation en dit long sur son mal être ; sa relation au père est toxique, elle refuse d’avouer être son double.... On ne présente plus Stellan Skarsgård. (le public rouennais qui l’avait découvert grâce au festival du cinéma nordique a encore en mémoire Oxen 1991 ou Breaking the waves 1996…) comme dans Insomnia (1998) ce brillant acteur par un regard fuyant, une moue, une douce oscillation, une marche dégingandée exprime quantité de sensations et sentiments …
Et si le personnage principal était précisément la maison ? Filmée au tout début sous tous ses angles -qu’accompagne un commentaire voix off- elle est habitée par une circulation de regards, de larmes naissantes, par des silences qui apprivoisent, elle a gardé intacts tous les non-dits enfouis (les gamines captaient à travers un poêle, les confessions de patients que recevait la mère psychiatre, …) Maison, valeur sentimentale, , sérénité enfin (re)conquise ?
Mais au final, le plan s’élargit, voici les coulisses d’un décor de studio (triomphe de l’artificialité ? et/ou espace d’une réconciliation ?) Rétrospectivement, le cadeau offert au petit-fils pour ses 9 ans - deux dvd Irréversible et La pianiste- s’est délesté de sa gravité provocatrice….)
A voir