Colette Lallement-Duchoze

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Billet de blog 5 mars 2025

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Au lendemain de l'Odyssée d'Helen Doyle (Canada)

"Au terme d'un périple dantesque, des femmes venues du Nigéria arrivent seules et de plus en plus jeunes en Italie en quête d'une vie meilleure. De la traite humaine à l'esclavage sexuel qui les attend, on propose des récits poignants, mais dont la pudeur épargne l'insoutenable"

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Une rencontre marquante avec la photographe Letizia Batatglia (décédée en 2022)  une question affolante à propos des migrants de plus en plus jeunes  « mais où sont les filles » et ce sera le point de départ de cette « quête /enquête » (ainsi s’exprimait la cinéaste québécoise Helen Doyle  invitée par l’association « elles font leur cinéma » dimanche 2 mars à l’Omnia)

 Voici des sculptures qui en une longue théorie balisent les eaux du Saint Laurent voici des barques immergées dans les "abysses", barques où les corps minéralisés de femmes aux yeux mi clos habitent une mémoire collective (musée à Lanzarote) . Voici des gouttes d’eau qui se transforment s’anamorphosent tels des corps flottants. Ces images, très stylisées, reviendront à intervalles réguliers, tels des leitmotive (qui scandent la narration), telle la « patience des traces » (symbole), telle une sororité universelle (message) 


Trois témoignages. Celui  de Stéphanie la plus jeune qui a quitté seule le Nigeria à 14 ans,  qui a vu mourir  tous les passagers,  qui a vécu un calvaire en Libye, filmée souvent de dos,. Celui de  Joy filmée en frontal , elle qui a choisi la prostitution veut témoigner à visage découvert, et  celui de Sabrina l'écrivaine;  "fière" d'avoir deux mères, elle sera la mémoire vivante de tout un peuple. Trois  témoignages,  trois parcours,  mais où cardinale  s’impose la volonté  de retrouver LA, SA dignité. Trois histoires de  "courage"  (malgré les atrocités  subies - froid faim viol prostitution - une foi inébranlable en un avenir plus clément, foi dictée par cette pulsion de vie ? ) Simultanément trois histoires « d’accueil  J’ai choisi l’angle de la rencontre pour traiter le problème complexe de la migration. Enchevêtrement et entrelacement dans des mouvements ascensionnels (du fond des abymes vers l'azur) ou dans des affrontements sur une surface faussement étale !  

 Car Au lendemain de l’Odyssée n’est pas un énième documentaire sur la  traite,  l'esclavage, sur les réseaux mafieux, la surexploitation (rembourser les 50 000 euros, alors que la passe se monnaye à 5 euros…)   En refusant le voyeurisme , le misérabilisme, et l'aversion scopique  de la mort;  la cinéaste suggère l'horreur  -qui  n'en sera que plus  terrifiante ...!!

C'est plutôt un film sur la société civile qui se mobilise. Sur la solidarité ou l’accueillance   Oui ces femmes   accueillantes, travailleuses humanitaires, artistes, journalistes sont préoccupées avant tout par l’altérité, la rencontre avec l’autre dans toute sa différence Filmées en plans rapprochés (parfois de gros plans sur leurs visages  souriants alors que...) elles sont tout simplement cette part frémissante d'humanité à préserver coûte que coûte...

Un film à ne pas rater !!

Présenté dans de nombreux festivals (en France en Grèce au Canada au Kurdistan aux USA, en Italie) ce film a obtenu

🏆Prix de l'UNAFORIS, Prix CNAHES - Fonds de dotation Françoise Tétard, Prix de l'URIOPSS Île-de-France
Festival de cinéma de Castel Volturno (Italie) 2024
🏆PRIX DOCUMENTAIRE FCCV pour le meilleur documentaire en compétition
Festival du Film Indépendant de Rome (Italie) 2024
🏆Prix du meilleur documentaire international

 Présenté à l'Omnia Rouen dimanche 2 mars (dans le cadre du festival de femmes "elles font leur cinéma") en présence de la réalisatrice 

e.

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