avec Abdurakhmon Yusufaliyev, Roza Piyazova , Rano Sharipova, Nasrullo Nurov
Passent les jours, passent les semaines, passent les saisons (le dernier dimanche dans ce film segmenté en 8 chapitres qui sautent d’une semaine à l’autre en avançant d’une journée, se déroule en hiver) et se répètent les mêmes gestes ritualisés dans le même décor ; un univers de lenteur et de silence que vient "perturber" l’intrusion de la technologie offerte par les fils (gazinière, écran plat, réfrigérateur silencieux, cartes de crédit, smartphone) deux fils aux intentions à peine voilées : s’accaparer de la maison, la démolir et construire du neuf. Mais ce film ne saurait se réduire à l’opposition (certes prégnante) entre tradition et modernité ; il est avant tout la chronique d’un crépuscule, chronique délicate et souvent émouvante (vers la fin l’épouse, dit avec le calme impérial de l’évidence solaire « quoi que nous ayons fait ensemble nous aurons bien vécu ») chronique que métaphorisent la boîte d’allumettes et la recherche réitérée du feu…
Le jeune cinéaste multiplie les angles de vue et varie les plans tout en privilégiant le plan fixe,(la répétition ne sera pas redondance) tout comme il "joue" sur les effets de verticalité (le nouveau frigo monolithe) et d’horizontalité (l’estrade/couchage), tout en mettant en évidence l’irritabilité, le machisme de l’époux et l’apparente servilité de l’épouse (en fait une maîtresse femme malicieuse).
Et le film se donne à lire tel un syllabaire où l’objet « moderne » aussi performant soit-il dans sa technologie est perçu dans sa volonté de briser un rapport séculaire à l’espace, au temps -et que concrétisent ces gestes si précis dans leur déroulé : traire, cuisiner, tondre la laine, la teindre, la tisser, gestes comme suspendus dans une quiétude surannée. La main et le pis que l’on presse, les doigts et les fils de laine à déplier à déployer, le bras qui refuse l’enlacement ou le quête avec désespoir quand le couple sera comme amputé…
Une pluie diluvienne un orage s’en viennent scander les dernières semaines… (déchirure annonciatrice de l'inéluctable !)
Une caméra à hauteur des personnages ou au sol et l’on songera à Ozu, une embrasure de fenêtre bleu vert et l’on invoquera Kiarostami, la modernité et ses mécanismes incompréhensibles ou délétères et s’imposera l’humour à la Tati….
Mais il y a ce hors champ: violence d’un Etat qui impose sans préavis ses diktats, jusqu'à éradiquer ce havre de paix, l'époux s'en éloigne définitivement au moment même où il quitte l'écran.....
Dimanches, Un film à ne pas rater !