Avec Antonio Fernandez Gabarre , Bilal Sedraoui Jesus Fernandez Silva
Présenté en avant-première dans la section parallèle de la Semaine de la critique lors du Festival de Cannes 2025 ce film a remporté le prix SACD de la Semaine de la critique pour les scénaristes Guillermo Galoe et Víctor Alonso-Berbe
Toni, un garçon Rom de quinze ans, vit dans un bidonville en périphérie de Madrid. Fier d’appartenir à sa communauté, il est très proche de son grand-père. Poussés par les promoteurs, certains choisissent de partir vivre en ville, mais le grand-père de Toni refuse de quitter leurs terres. Au fil des nuits, Toni doit faire un choix : s’élancer vers un avenir incertain ou s’accrocher au monde de son enfance.
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C’est une fiction, certes mais aux allures documentaires Avec des acteurs non professionnels, le réalisateur "suit" Toni, sa famille de ferrailleurs dans une des communautés du plus grand bidonville d’Europe aux portes de Madrid. La Cañada Real. Maisons effondrées ou en passe de l’être, (cf la séquence des pelleteuses) champs avoisinants immenses (ce dont témoignent les deux longs plans qui " encadrent" le film) soirées près du feu, transmission orale ( le rôle des doyennes) vie communautaire où l’on passe trop vite de l’enfance à l’âge adulte (voyez ces gamins en train de fumer, de conduire des mobs ou des quads, braquer le fusil , monnayer, ou se droguer) oui tout cela traité avec réalisme (sans jugement moral et sans misérabilisme) inscrirait Ciudad sin sueño dans la catégorie « documentaire » cinéma du réel…
Mais il y a comme un film dans le film. Toni avec son portable s’amuse à utiliser des filtres de toutes les couleurs qui transfigurent tant le paysage que les personnages -devenus soudainement jaunes rouges ou verts-; le spectateur est invité à pénétrer dans un monde presque onirique (la toute dernière séquence est à ce titre plus qu’éloquente, elle est enchanteresse ….)
Les animaux étonnamment agrandis par de gros plans ou des zooms peuvent envahir l’écran (la chienne Atomica, le coq, le cheval, l'iguane) tant la fusion entre les deux règnes animal et humain s’inscrit dans les mœurs et le quotidien de ces « communautés » (cf l'affiche)
Le film obéit aussi à une dynamique interne : le tiraillement de Toni écartelé entre le désir de rester (avec son Paï) et celui de partir (appartement plus confortable certes mais aussi attirance de l’inconnu ?) Cuedad sin sueño un adieu au monde de l’enfance ? Monde si vaste dans son horizontalité qui s’oppose à la vertigineuse compacité verticale des immeubles urbains… Dans le plus grand délabrement se sont nichés tant de souvenirs que le choix est douloureux, forcément douloureux …
A défaut de dormir (sens littéral du titre La ville sans sommeil ) cette jeune génération peut … encore…rêver…….
Un film à voir c'est une évidence !