Colette Lallement-Duchoze

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Billet de blog 6 juillet 2014

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Le monde nous appartient

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Film franco-belge de Stephan Streker. Avec Vincent Rottiers, Ymanol Perset, Olivier Gourmet, Reda Kateb, Dinara Droukarova, Sam Louwyck. Musique d'Ozark Henry. Prix Magritte du meilleur film et des meilleurs décors

 Une nuit sur un pont

Un coup de couteau

Il y a Pouga

Et il y a Julien, (dit le pitch)

La première séquence correspond en fait (du moins partiellement) à la fin du récit. Qui est ce tueur muni d'un poignard?    Qui est la victime et ce personnage qui semble la contempler? À partir de flash back et de scènes fragmentaires et fragmentées, au spectateur de "reconstituer" l'ensemble des faits. Le  réalisateur a recours au montage parallèle pour rendre palpables deux destins: celui de Pouga et celui de Julien. Le premier une "frappe", (follement amoureux de son assistante sociale qui cherche à le réinsérer), savoure le plaisir extrême de  conduire des voitures volées (voir l'affiche); sollicité par son "mentor" Zoltan (Reda Kateb) il va participer à un "fameux" coup...Le second, excellent footballeur, est avide de réussite, non seulement pour satisfaire son ego mais aussi pour "intéresser" son père (admirable Olivier Gourmet) auprès duquel il vit tel un étranger.    Qu'ont en commun ces deux jeunes hommes sinon cette soif de réussir, persuadés que "le monde leur appartient"; réussir contre le père absent, (image désastreuse), remplacé par le malfrat ou le coach. 

     Jusque-là rien de vraiment original! D'où vient la force persuasive de ce film? De la mise en scène. Film de nuit essentiellement, il happe à grands fracas et renforts de hachures les artères de Bruxelles, ses tunnels, alors que les néons à cause de la rapidité du mouvement rappellent la froideur de    forces cinétiques, qui alternent avec de longs travellings. Et sans extrapoler ne pourrait-on concevoir que la ville ainsi filmée est comme une projection "mentale" ou un paysage intérieur? Deux scènes paraissent sortir tout droit du surréalisme belge: un rhinocéros qui traverse une rue entravant le cheminement de Pouga (certes le symbolisme peut être lourd mais d'une lourdeur qui sied à  ce pachyderme...); le dédoublement du personnage: c'est le même qui se regarde - avec vue en plongée sur son corps mort allongé..(voir l'affiche).   Et que dire de cette scène où le bleu acier des yeux de Vincent Rottiers (Pouga) tente de convaincre l'assistante de quitter son mari pour lui, l'unique amoureux fou? ou de cette autre où tous les personnages sont rassemblés interprétant la même chanson comme dans une chorale? Dans la noirceur ambiante elle est  comme un arpège salvateur...

Un film exalté et incisif que la musique rend encore plus troublant!

   "On est la somme des gens qu'on rencontre"

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