Film roumain de Cristian Mungiu avec Cristina Flutur, Cosmina Stratan, Valeriu Andriuta
Petit billet d'humeur
On a reproché à ce film "d'être trop long". La critique est incluse dans l'adverbe "trop". Mais par rapport à quoi? À une limite qui serait de mise dans le traitement du sujet abordé? Par rapport à ce que "peut endurer" un spectateur? Long le film l'est, c'est une évidence: 2h30. Mais le calvaire de cette jeune "nonne" ne le fut-il pas lui aussi?? Et l'entreprise d'exorcisme menée par le seul mâle de la communauté, pope auquel les autres "moniales" obéissent avec servilité, est de longue haleine, tant est rebelle la suppliciée, Alina, convaincue que ces "fondamentalistes orthodoxes" ont embrigadé son amie (et amante) Voichita. La scène où Alina éructe ses ressentiments blasphématoires frappe par sa violence et sa beauté: les "soeurs" filmées de dos en plan rapproché, dodelinent du bonnet (sens propre) tandis que leur murmure d'indignées est couvert par les imprécations. Le réalisateur a opté (comme dans son long métrage couronné à Cannes en 2006) pour le plan-séquence, lequel peut s'étirer dans la durée pour des besoins purement esthétiques ou à des fins argumentatives; plan-séquence que salue son maître B. Tavernier... Le film obéit aussi à une construction rigoureuse qui correspond aux étapes (longues) censées déboucher sur la "guérison" (tous sont persuadés qu'après l'hôpital, la thérapie exorcisante sera bénéfique). Enfin le cinéaste a insisté sur la "durée" en mettant en évidence le passage des saisons (l'enneigement des collines correspondra à l'ultime étape pour la suppliciée, victime de ses convictions et nullement habitée par le diable). Comme le film s'inspire d'un fait divers survenu en 2005, et qu'un procès eut lieu à l'époque, la dernière partie intègre les prémices de l'enquête (gendarmerie) et annonce l'audition chez le procureur. Dans cette "partie" la confrontation monde clos du monastère et univers urbain (avec ses dysfonctionnements) éclate dans cette giclée de neige boueuse sur le pare-brise....(plan final lourd de significations...)
À mon "humble"avis, nulle "dilatation", nulle "velléité d'ampleur" pour souscrire aux critères cannois comme l'ont écrit certains critiques