Colette Lallement-Duchoze

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Billet de blog 11 juin 2025

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Fragments d'un parcours amoureux de Chloé Barreau (2023)

"Depuis ses 16 ans, entre Paris et Rome, Chloé a filmé ses amours. Coup de cœur adolescent, relation à distance, passion charnelle : alors qu'elle vivait une histoire, elle en fabriquait déjà le souvenir. Mais de quoi se souviennent ces ex ? Quelle est leur version des faits ?"

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 20 -ème édition des Giornate degli Autori dans la section Nuits Vénitiennes 2023

Clin d’œil -appuyé, élogieux , ironique?-  à Roland Barthes, que ce glissement (sémantique) de discours à parcours ?

Le documentaire de Chloé Barreau n’est pas une exploration du sentiment amoureux mais un questionnement à travers la voix de 12 personnes qui l’ont aimée, à travers leurs témoignages, sur la façon dont  "nos histoires sentimentales façonnent notre mémoire" (que reste-t-il de nos amours …) Sébastien, Jeanne, Laurent, Ariane, Rebecca, Anne, Jean-Philippe, Anna, Bianca, Marina, Marco et Caroline filmé.es successivement par la journaliste Astrid Desmousseaux (le nom apparait au générique de fin) de jour ou de nuit, dans leur "chez-soi" , en un seul plan fixe. Leurs visages comme autant de figures de l’amour, de fragments qui jalonnent un parcours et leur regard comme une scansion, une ponctuation.

 Je ne sais pas si j’ai envie d’aimer ou si j’ai envie qu’on m’aime. Je crois qu’après tout, c’est un peu la même chose. C’est sur cet aveu de Chloé Barreau -que l’on voit adolescente cigarette à la main-, que s’ouvre ce documentaire. Un documentaire qui fait alterner (ou coexister) les "interviews/entretiens" de ces 12 jeunes devenus adultes, les images (photos, extraits de films, vidéos d’époque exhumant leur passé d’ados), les lettres (avec zooms parfois sur des phrases très poétiques que « récite » une voix off), alors qu’une musique (assez surabondante…il est vrai) va jouer le rôle de rhapsode (au sens de rhapto : coudre) Façade du lycée Henri IV, appartements squattés, boîtes de nuit, quartier du Transtevere, ruelles, ponts, cathédrale en feu etc. .défilent au gré de l’effervescence et de l’insolence qui les habitaient s’inscrivant dans un montage de type télévisuel, délibérément haché, comme le suggère le titre « fragments »

Les archives visuelles impressionnantes, la cinéaste -qui a très tôt  "documenté" sa vie (cf le synopsis) -,   les met au service d’un dispositif tel que non seulement il confronte présent et passé, -pour chacun.e des 12 interviewé.es, mais aussi tel qu’il invite le spectateur (forcément impliqué) à croire en une forme de permanence dans l’impermanence, et en l’universalité de ce qui est singulier, la sphère du privé… Et dès lors peu lui « chaut » d'identifier des visages connus, (actrice cinéaste ou poète) l’essentiel est ce qui se livre en creux : le portrait d’une amoureuse de l’amour  et SURTOUT  le lien très étroit entre art et existence (à la manière de Sophie Calle?) 

Sa vie est son œuvre" dit Marco (en écho les propos de la cinéaste elle-même "Je n'avais rien vécu tant que je ne l'avais pas raconté."

Chloé a élu domicile en Italie. Exil sentimental affirme Rebecca Zlotowski...(le terme exil serait à méditer...)

Je vous invite à souscrire aux propos d’Anna (Mouglalis) "Plus on aime, plus on aime"

Et pourquoi pas à sa façon d’appréhender à la fois le passé et le film

J’ai décidé d’appréhender ma mémoire comme mon imaginaire. On s’invente son passé

Un documentaire que je vous recommande

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