Espionner un vieillard pour voir comment un homme meurt, tel était le projet initial de Kiyama, Kawabe et Yamashita trois écoliers de Kobe, habités par cette curiosité morbide : Comment ça fait de toucher un cadavre ? …Mais après une période d’apprivoisement réciproque, les trois vont s’ingénier à métamorphoser la bicoque, le jardin en friche du vieil homme solitaire, mais surtout de confidences en confidences c’est tout un pan du passé qui est restitué capable de transformer un futur aussi bref soit-il… (en organisant "d’improbables retrouvailles"… !!)
Surnommés Sumo, Lunettes et Sac d’os, ils entraînent le spectateur dans leur connivence avec Grand-Père (une voix off parfois nous guide) le font pénétrer dans un univers qui tient à la fois du réalisme et de la magie (cf le puits et l’envol au final de ces myriades de papillons). Sueurs et cris d’enthousiasme, mouvements vibrionnants alternant avec poses (et pauses) contemplatives, questions sur l’intime, impression d’accomplir une mission, rien ne semble échapper à leur précoce sagacité
Conscience d’une finitude, la mort est omniprésente dans ce film. Soit dans la figuration métaphorique du jardin abandonné, de la perte des idéaux -rappel du trauma dû à la guerre du Pacifique – soit dans le rouge flamboyant du ciel comme illustration d’une incinération, soit dans cette façon si provocatrice de la défier -quand Kawabe (Lunettes) est sur un muret comme happé par le vide ; alors qu’au final les trois « gamins » seront confrontés à la douleur de la perte -leur tentative désespérée de ranimer le « mort » est tout simplement poignante
Jardin d’été, un récit d’apprentissage, un conte initiatique où la cruauté et le morbide s’effacent au profit de la délicatesse, où l’émerveillement a vite remplacé la rudesse initiale (cf la séquence d’ouverture, un match de foot avec ces tacles qu’accentue le visqueux tourbeux de la pluie).
Tout ce qui était en friche (maison jardin mais aussi espace mental et psyché du vieillard) miraculeusement se transforme…La musique du guitariste et compositeur brésilien Sérgio Assad, l’interprétation des quatre personnages principaux, les ruptures de rythme et d’ambiance (chaleur torride, typhon), le recours aux panoramiques ou aux plans séquences, tout dans ce film (jamais diffusé en France jusqu’à cette année) concourt à cette métamorphose filmée à hauteur d’enfant…
Jardin d’été un film à ne pas manquer !
(quand bien même certains -détracteurs invétérés-, vont déplorer les "figures" du puits- tombeau- réservoir de toutes les âmes … de la mémoire oubli et promesse …de l’éros- thanatos dans leur connexion conjuguée, ainsi que la lenteur calculée de certaines séquences )
avec Rentarô Mikuni (Kihachi Denpô) Naoki Sakata (Atsushi Kiyama) Yasutaka Oh (Kawabe) Ken'ichi Makino Yûji Yamashita) Naho Toda (Shizuka Kondô) Ritsuko Nemoto (Tomomi Kiyama) Tsurube Shôfukutei An undertaker
Kobe, en été Pendant leurs grandes vacances, trois jeunes écoliers en mal d'aventures se questionnent sur la mort et se passionnent peu à peu pour le jardin abandonné d'un ermite qui les fascine