Colette Lallement-Duchoze

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Billet de blog 12 août 2014

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Shapito Show I

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Film russe de Sergeï Loban. Avec  Piotr Mamonov, Stas Baretskiy ,Aleksey Podolskiy, Vera Strokova, Aleksey Znamenskiy

  Prix spécial du jury, Festival de Moscou Sélection officielle – Festival de Rotterdam Prix du public + Meilleure actrice – Festival de Pau Grand Prix + Prix de la presse – Festival Kinoshock Meilleur scénario –    Prix de la Guilde du cinéma de Moscou

Cette première    partie du diptyque se subdivise elle-même en deux chapitres. Deux histoires donc mais qui vont s'entrecroiser. Un lieu unique: une station balnéaire sur les rives de la Mer Noire, et sur les hauteurs    un chapiteau. Voici une nymphette Vera et son geek (Cyberstranger) rencontré via internet (Amour), voici un jeune homme sourd rejeté par les "siens" et qui va évoluer malgré lui dans un univers    de gays, d'artistes, de  drogués et de révolutionnaires (Amitié).... Dès les premiers plans, le ton est donné c'est celui de la dérision; les titres vidés de leur contenu sérieux ou    emphatique seraient-ils empreints de nostalgie?

C'est le genre de film que l'on peut détester si l'on prend tout au premier degré. Certes les scènes chantées (qui plus est sur des chorégraphies pour le moins délibérément ridicules) et la musique kitsch désuète relèvent d'un certain "mauvais goût" ainsi que le jeu forcé (jusqu'à la caricature) de plusieurs acteurs. Certes on devine que le réalisateur se plaît à "recycler" des références    facilement "identifiables" (louchant du côté de Kusturica ou Kaurismaki voire Fellini) . Doit-on le déplorer ou tout simplement l'inscrire dans le choix d'une mise en scène de type circassien? (cf  le titre). Le cirque est en effet le lieu fédérateur de ces séquences; sous son chapiteau se joue comme en "duplex" (sur un ton larmoyant, "chacun y va de se complainte") l'épisode auquel nous    venons d'assister. Vu de l'extérieur, sur les hauteurs qui dominent la plage, il attend tous ces "spectateurs" (acteurs?) friands d'émotions fortes impliqués de gré ou de force dans cet immense    Barnum qu'est au fond la Vie. N'offre-t-il pas l'image d'une jeunesse russe à la fois insouciante et déboussolée? Ou du moins les personnages ne représentent-ils pas un miroir (certes déformant) de la société russe? Après tout, et en dehors de la Russie, la vie des humains n'est-elle pas une arène de cirque, exubérante étrange ou sordide? Et qui risque d'être la proie des flammes....  

Quoi qu'il en    soit, ce film apparemment loufoque est impeccablement structuré: les deux héros de la séquence Amour, restent présents dans la suivante Amitié mais en tant que personnages secondaires; bien plus,    une même scène sera reprise mais filmée d'un point de vue différent, sous un autre angle et dans un cadrage différent (plan moyen ou rapproché dans le chapitre 1 mais plan d'ensemble en 2; vue en    plongée dans 1 en contreplongée dans 2); des paroles en 1, mais à peine audibles en 2, etc.

"Mieux    vaut un film idiot mais énergique qu'un film intelligent mais mou" disait Truffaut

Écoutons ce    vacancier décrivant la plage bondée "j'ai l'impression d'être à l'intérieur d'un estomac et que la nourriture va arriver. C'est pas la mer, c'est des sucs    gastriques"

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