avec Yuhi Zuzuki (Fuki) Ikari Ishida (Itako Ikita) Yūmi Kawai Lilly Franky
Présenté au festival de Cannes 2025
Au cœur de l’été 1987 à Tokyo, une jeune fille excentrique et sensible de onze ans doit faire face au cancer de son père en phase terminale et au stress de sa mère déjà surchargée de travail. Chacun d’eux recherche désespérément des interactions humaines.
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Si le film s’ouvre sur une séquence "tragique" (bébés en pleurs, gros plans saturant le cadre d’un écran de téléviseur, Fuki étranglée, et dont une voix sépulcrale nous parvient d’outre-tombe) ne serait-ce pas à la fois pour désamorcer la tragédie et pour mettre en évidence la singularité du personnage de Fuki? (cette gamine de 11 ans qui durant l’été 1987 sera confrontée à une multitude d’ événements (réels ou fantasmés)
Solitaire -entre un père qui se meurt à l’hôpital- et une mère soit trop souvent absente, soit trop brusque -, elle se doit de "décoder" ,seule, les arcanes du monde adulte…
Mais de Renoir le spectateur ne verra que cette reproduction du portrait La petite Irène Cahen d’Anvers (accrochée à un mur de l’hôpital où le père vit ses derniers instants) et retiendra la question posée par la gamine intriguée par le « romantisme mélancolique» d’Irène ‘ Ce peintre il est toujours vivant ? (réponse :Il est mort depuis longtemps »
Certes on pourra toujours mettre en parallèle la méthode picturale dite impressionniste (touches de couleurs séparées sur la palette mais comme imbriquées vues de loin, importance de la lumière, de sa vibration diffractée) et la structure du film : une succession de saynètes (à la durée plus ou moins longue) où la cinéaste tente de capter dans sa fugacité même l’éclat d’une émotion ou d’un regard, et de "couper" au moment où s’annonçait un "drame" (cf quand répondant à une annonce téléphonique la gamine accepte de « suivre » l’inconnu…), afin de «cerner » la personnalité de cette gamine, à la sensibilité hors du commun
De même que Fuki (à la demande d’ailleurs de son professeur d’anglais vers la fin du film), est amenée à « revisiter » les contours et détours de l’intermède que fut l’été 1987 (rieur douloureux énigmatique) à s’infiltrer dans les interstices, - le spectateur est convié à « lire » ce film comme une sorte de diaporama fait d’instantanés (souvent) -feux de camp, hippodrome avec le père, dégustation d’un gâteau, etc.- où s’enchâssent sans morbidité le réel et le fantasmé, où abondent les ellipses Tout en sachant que le décodage va déconstruire l’apparente "mosaïque" pour "reconstruire" ce que recèlent les profondeurs , le non-dit -ce dont témoigneraient à la fois et presque simultanément la récurrence du flou (cf le dépli des rideaux) et le hors champ (cf la mort du père)
Soit il "acceptera " ce pacte avec la cinéaste soit il le récusera.
Soit il sera séduit par la maîtrise incontestée des cadres, le formalisme esthétique soit il sera réfractaire à tous ces "regards suspendus"….