Synopsis Dans un petit village minier, La Làgrima, au cœur du désert d’Atacama dans le nord chilien, les femmes sont soumises aux diktats imposés par les hommes. Dina (16 ans), confrontée à une grossesse non désirée, prévoit de partir à la ville, fuyant le machisme. Sa jeune sœur Sariri vient d’avoir ses premières règles jugées malignes par la gent masculine. Elle devra donc quitter le village pour un parcours solitaire dans le désert. Dina ne veut pas laisser sa sœur subir la violence de ces rapports masculin-féminin....
Ce premier long métrage de la jeune cinéaste Laura Donoso Toro (26 ans) est d’une beauté à la fois âpre et sidérante Voici une chronique sociale filmée sans pathos au plus près de chacune des deux sœurs dans la lumière crue (soleil aveuglant) d’extérieurs aux couleurs sable et ocre du paysage désertique (filmé tel un personnage), sous un ciel d’un bleu marial, ou dans les teintes mordorées d’intérieurs de maisons fragiles en pierres sèches, clairs obscurs suite aux pannes d’électricité à répétition.
Un travail étonnant sur la lumière et les contrastes, contrastes qui participent pleinement d’ailleurs aux "oppositions narratives" du film. Mais on pourra deviner en filigrane (et pourquoi pas dans l’interprétation de ces "yeux" rouges) l’omniprésence d’un regard masculin et productiviste posé tant sur la mine que sur les femmes… Ce film ne serait-il pas aussi en résonance avec les luttes sociales qui ont secoué le Chili ces dernières années, notamment en 2019 (droit à l’avortement entre autres)?
Au son étrange d’un volatile ( ?) d’un animal ( ?) qu’imite Diana, la scène inaugurale nous introduit dans l’intimité de la jeune fille -un miroir, une chambre au mobilier rudimentaire… Et avec sa sœur Sariri en feuilletant des magazines, elle envisage de participer à un concours et avec le pactole de vivre ailleurs une autre vie que celle imposée par des traditions ancestrales édictées par les hommes, traditions qui privent la femme d’exercer son libre arbitre sur son propre corps…
Dina va devoir lutter contre sa grossesse non désirée (elle aura recours à des moyens abortifs ou préconisés comme tels, jusqu’à mettre en évidence une preuve irréfutable : au grand dam d’Hector, le mari…) La toute jeune Sariri, quant à elle doit quitter provisoirement le hameau au prétexte que ses premières règles risquent de "contaminer la mine" Une traversée du désert ... en solitaire, Sariri minuscule dans l'immensité, Sariri magnifiée quand s'impose en gros plan son visage ou qu'en plan moyen se détache sa silhouette d'adolescente
J’ai réalisé Sariri pour parler de la situation des femmes vivant sous ces traditions machistes, liberticides et pour dénoncer ces croyances ancestrales qui sont à la base des rapports hommes /femmes dans nos sociétés. Ainsi, depuis toujours les hommes se sont servis des menstruations des femmes pour les diminuer, allant même jusqu’à considérer que ce sang était le marqueur d’un côté diabolique de la femme… »
La lagrima un patronyme ô combien symbolique!
Un très gros plan sur le visage de Dina où perle un pleur (de tristesse et de joie mêlées) ne relève nullement d’une quelconque mièvrerie ou afféterie dans le final de ce film que je vous recommande
Avec Martina González,(Sariri) Catalina Ríos (Dina), Paola Lattus (Mara) Enzo Escobar (Héctor), Luis Jimenez (Jairo), Catalina Vasquez (Coni), Emilia Colivoro (Lucia), Belén Herrera (Noelia), Rafael Cerda (le pasteur), Paula Yemen Dinamarca (Corina), Claudio Riveros (Emilio), Muriel Piña (Muriel), Camila Vega (Teresa)
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