Adapté du livre de Mathyas Lefébure « D’où viens-tu berger ? » (2006) et tourné dans les Alpilles.
Avec Solène Rigot (Elise) Félix-Antoine Duval (Mathyas) Guilaine Londez (Cécile Espiroux) David Ayala (Dudu) Younès Boucif (Yassim) Aloïse Sauvage (Clotilde) Bruno Raffaelli (Gérard Tellier) Véronique Ruggia (Agnès Tellier) Michel Benizri (Ahmed)
Prix du meilleur film canadien au TIFF (Festival international du film de Toronto)
Un plan fixe prolongé sur une montagne enneigée à la sidérante beauté, ouvre le film, avant qu’en fondu enchaîné n’apparaisse le visage de Mathyas (Félix Antoine Ducal) et que se succèdent plus ou moins rapidement quelques plans sur la ville d’Arles (arènes toits ruelles bars).
C’est ainsi que le spectateur est pris à partie dès le début alors que la voix off de Mathyas annonce sa décision surprenante : tout quitter (il était publiciste à Montréal) et devenir berger en Provence.
Son approche intellectuelle du pastoralisme (il a beaucoup lu) est l’objet de railleries (de la part de la "communauté " mâle des bergers ainsi que de la "fonctionnaire" …qui doit lui délivrer un certificat de séjour…)
Nous allons assister à un authentique parcours du "combattant" semé d'embûches si déceptives que Mathyas, dépité, risque(rait) d’abandonner son rêve …(il est confronté à la folie de certains bergers qui maltraitent les animaux, et surtout à la rudesse d’une tâche souvent ignorée du public). Mais l’épisode de la transhumance sera comme le point d’orgue, une épiphanie, -et en compagnie d’Elise-, ce qui justifie l’emploi du pluriel Bergers, avant que…hélas.
Voici un film dégagé de tous les oripeaux du folklorisme - même si dans les échanges persistent çà et là des formules clichés énoncées avec violence (cf Dudu ou Tellier) sur la ruralité ou l’éradication du loup malfaisant par exemple, même si la traversée des villages par la marée ovine renvoie elle aussi à certaines photos-clichés. Mais la séquence de l’orage, celle de l’agnelage, les vues en contre plongée et plongée sur les paysages, la fusion ocreuse entre les peaux animale et humaine, les effets des lumières comme diffractées (intérieurs de cabanes ou extérieurs panoramiques) le jeu convaincant de certains acteurs, tout cela n’est-il pas au service d’un "apprentissage" -doublé d’une quête existentielle- bien éloigné d’une pastorale bucolique ?
Encore faut-il accepter le « pacte initial » (le bobo canadien ignare qui veut devenir berger) et faire abstraction de quelques longueurs ou insistances (plan prolongé sur le dos de Mathyas qui envahit l’écran, vue en plongée sur la masse processionnaire des brebis) du traitement de la relation amoureuse (trop souvent mal menée) et de la prose "ampoulée" de ce berger consignant ses impressions dans un carnet…