Kabwita vit dans la province de Katanga (au sud de la République Démocratique du Congo). Ses ressources, pour subvenir aux besoins de sa famille (son épouse et ses trois enfants) ? Créer SON propre charbon de bois (makala). Et l’on va le suivre depuis le choix de l’arbre, sa coupe à la hache, la transformation en charbon, l’empaquetage, jusque dans sa longue marche de 50km -les paquets empilés sur un vélo déglingué- vers le marché de Kolwezi.
C‘est de ce périple, c’est de ce labeur, c’est de cette volonté irrépressible de survivre en bravant tous les dangers, que le réalisateur rend compte dans ce long métrage/documentaire - qui n’exclut pas l’arrière plan politique - la condition des plus démunis contraste avec l’irresponsabilité des gouvernants : le plan où Kabwita -qui croule sous le fardeau sous la chaleur- tourne le dos à une immense affiche vantant les bienfaits du président Kabila, le prouverait aisément
La somptuosité des images, la perfection des cadrages, le respect d’une lumière "naturelle", les effets de clair -obscur, l’alternance entre gros plans sur le visage de Kabwita et plans larges (quand il affronte seul une nature hostile)- ou plus resserrés (quand il est confronté à la "cité" trépidante et mercantile des hommes) et cette musique lancinante -frottements d’archet de violoncelle-, tout concourt à entraîner le spectateur dans cette odyssée et à le subjuguer
Alors que cesse la cognée, que l'arbre s'est allongé voici que les ramures dessinent une chorégraphie céleste et que tout semble se minéraliser .... Alors que les "tractations" ont pris fin, Kabwiti rejoint une communauté où l'on exalte les vertus de l'homme intègre; tous les participants, comme en état de transe, implorent le Seigneur (séquence finale)
Ainsi la caméra d'Emmanuel Gras aura fait de Kabwita le charbonnier congolais, un héros digne de la mythologie ...
Un film à la ténébreuse clarté
Un film saisissant
A voir absolument