avec Emma Stone (Michelle Fuller) Jesse Piemons (Teddy Gatz) Aidan Delbis (Don) Stavros Kalkias (Casey)
Musique Jerskin Fendrix
remake du film sud-coréen Save the Green Planet! de Jang Joon-hwan sorti en 2003.
Présenté en compétition à la Mostra de Venise 2025
Deux jeunes hommes obsédés par les théories du complot enlèvent la PDG d’une grande compagnie pharmaceutique, convaincus qu’elle est en réalité une extraterrestre dont la mission est de détruire la planète Terre.
Le film est encadré par les gros plans sur des fleurs que s’en viennent butiner des abeilles mais alors que dans le prologue cette activité est commentée par une voix off (impact de l'espèce humaine sur la nature, pesticides risquant d’anéantir à jamais la force vitale de la pollinisation), à la toute fin nous n’entendrons que le bourdonnement des insectes… La voix humaine s’est tue…juste après un twist inattendu.. Comment en est-on arrivé là ? C’est tout l’enjeu de ce film aux allures de dystopie, de fable apocalyptique, de comédie socio-politique acerbe qui mêle (avec outrance parfois) gore humour noir et complotisme
Le montage parallèle et alterné du prologue au rythme rapide sert à contextualiser. Voici deux cousins Teddy exalté versé dans un complotisme vengeur, et Don suiveur un tantinet benêt. Voici Michelle Fuller la PDG redoutable d’un groupe pharmaceutique. En quelques traits incisifs voici deux tendances, deux modes de vie et de pensée. On séquestre la PDG, on suppute qu’elle est extraterrestre œuvrant à la perte de l’humanité…. (la séquence du kidnapping restera dans les annales…) Le titre (à prendre dans son sens étymologique de rite sacrificiel à l’antique) s’impose à l’écran tel un couperet, ce qu’accentue la musique. Dès lors dans le huis clos de la maison familiale de Teddy, le film va s’éployer en différents mouvements signalés par les indications temporelles: soit les 3 jours qui précèdent l’éclipse de la lune (cette fameuse nuit avec la visite programmée de l’empereur de la galaxie d’Andromède race extraterrestre supérieure qui régente(rait) la planète Terre.).
Dans le premier, l’affrontement verbal (abus du champ contre-champ) se double de "tortures" préventives et le sous-sol est comme la caisse de résonance de nos sociétés (surtout celle des complotistes trumpistes). La tension va croissant -avec toutefois des "pauses" comme tremplins ou des "revirements" …invraisemblables- ; les personnages étant censés incarner les "pôles extrêmes" - identifiés par des classes sociales bien définies - qui gangrènent nos sociétés et qui par leur incommunicabilité vont entraîner la Terre à sa propre perte…encore que l’ordre suprême de l'extinction soit donné par … (ne pas spoiler)
Platitudes énoncées avec le sérieux du locuteur convaincu, tortures avec giclement d’hémoglobine, intrusion de l’autre (pouvoir de la police plus qu’égratigné) corps violentés (rappelons que les deux complotistes sont "castrés" suite à une injection ; celui d’Emma Stone cheveux rasés membres entravés ou sanguinolents mais au regard émeraudesi troublant et subjuguant…Avant un retournement (grotesque pour certains mais qui donnerait raison à Teddy ??? ) Oui tout cela peut justifier la déception de qui comprend qu’il a été dupé in fine...ne serait-ce que par par le dynamitage des prémisses…
Et pourtant ! à partir du rite sacrificiel antique considérant que d’une charogne bovine naîtraient des abeilles, Lanthimos propose son propre Bugonia fait de soubresauts (tant au niveau formel qu’idéologique) pervers certes mais ô combien salvateurs !! Ce que confirme(rait) d’ailleurs l’avant-dernière séquence - succession de plans fixes sur les humains endormis, déréalisés, morts…. Définitivement ?
Good luck, Babe (au volant de sa voiture, avant le kidnapping, Emma Stone, écoutait et accompagnait Chappell Roan, de ses mimiques déconcertantes)
A voir