Colette Lallement-Duchoze

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Billet de blog 21 novembre 2025

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Kika d'Alexe Poukine (Belgique 2024)

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Avec Manon Clavel, Ethelle Gonzalez Lardued  Makita Samba 

 Semaine de la Critique festival de Cannes 2025

Alors qu’elle est enceinte, Kika perd brutalement l’homme qu’elle aime. Complètement fauchée, elle en vient à vendre ses petites culottes, avant de tenter sa chance dans un métier… déconcertant. Investie dans cette activité dont elle ignore à peu près tout, Kika entame sa remontée vers la lumière.

Alexe Poukine. ? …Nous avions beaucoup apprécié les documentaires Sans frapper - Le blog de cinexpressions Sauve qui peut - Le blog de cinexpressions Avec Kika (clin d’œil à Almodovar ?) elle signe une fiction singulière aussi intense que désarmante !

 Au début (les 30 premières minutes) le film ne peut que séduire par son jeu d’ellipses (avec écran noir) par des raccords audacieux, par ses plans prolongés sur ces corps dénudés - plasticité romantique plus qu’esthétisante- ou sur ces visages de profil où lentement les lèvres vont sceller leur union, mais aussi par cette immersion fiévreuse dans le milieu de l’assistance sociale.

Car Kika est assistante sociale. Elle a une fille. Rencontre David. Coup de foudre. Elle quitte le père de sa fille. Enceinte elle emménage avec l'être aimé. Promesses d’une aurore nouvelle ?  Une tragédie et l’impossibilité d’assumer financièrement son quotidien, celui de sa fille. L’assistante s’essaie au métier du sexe..…d'abord la vente de culottes  crottées.. Puis elle va s'adonner  à des pratiques dont elle ignore TOUT (jusqu’à leur appellation BDSM …) Formée sur le tas …On change de décors: intérieurs velours rouge des chambres de passe, Défilé des hommes aux fantasmes sexuels tels qu’ils suscitent plus la pitié que la nausée… Des flagellations et douleurs maîtrisées par le safeword jusqu’à la scène de l’emmaillotage, du changement de couches où le sexagénaire ( ?) revit dans  les cris de la fureur et les larmes qui foudroient, l’inceste qu’il a vécu gamin, en passant par ces léchages de chaussures qu’agrémente une litanie d’engueulades …) 

 Les hésitations de Kika à satisfaire leurs désirs provoquent sinon le rire (les excréments dans un sac plastique à défaut de déféquer sur le visage, comme exigé par un être assez pervers…) du moins le sourire ( elle s’excuse de faire mal, c’est elle qui prononce le safeword ; MAIS elle le prononcera en suppliant quand , à sa demande, elle sera ce corps qui plie sous la douleur à force d’être matraqué flagellé percuté par les coups de poing…Une douleur conjuguée à celle de la perte,... Kika ou le récit d’une "reconstruction" ?  Ce que confirmerait le dernier plan (mère enceinte et fille, pédalant souriantes, dans un espace enfin reconquis) 

 Ni apex comique ou orgastique -comme chez Almodovar – ni pornographie comme dans certains films BDSM ni comédie déconcertante (cf la vie selon Ann) mais une forme de continuum dans le parcours de Kika : la quête de  l’humain (une histoire de cœur et non de cul a-t-on pu écrire avec justesse) Humain trop humain porté par une actrice Manon Clavel virtuose aussi déconcertante désarmante (raucité de la voix naturel en bandoulière) que peut l’être ce film sur le deuil

 Kika, un film que je vous recommande -malgré ici et là quelque complaisance et artificialité 

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