Avec Myriem Akheddiou (Alice la mère), Laurent Capelluto, (le père) Natali Broods (la juge) Ulysse Goffin (Etienne) Adèle Pinckaers (Lila) Alisa Laub (Avocate de la mère) –– Marion de Nanteuil (Avocate du père ) Mounir Bennaoum (Avocat des enfants)
Mention spéciale dans la section Perspectives du Festival de Berlin 2025,
Aujourd’hui, Alice se retrouve devant une juge et n’a pas le droit à l’erreur. Elle doit défendre ses enfants, dont la garde est remise en cause. Pourra-t-elle les protéger de leur père avant qu’il ne soit trop tard ?
Eblouissant ce premier long métrage tant par sa construction magistrale que par la singularité de son propos (le sujet? un pan méconnu de l'inceste : l'épreuve du passage au tribunal, dans un système judiciaire traumatisant,, qui inflige des persécutions aux "mères protectrices"... )
Le format 4,3, le huis clos, (l’essentiel du film,55’, est consacré à l’audience du juge de la jeunesse en Belgique) le minimalisme de la mise en scène, les décors austères d’un blanc bleuté glacial, les cadrages sur les visages, les plans fixes, le recours au flou, tout concourt à créer une impression d’enfermement, voire de malaise étouffant (faisant de nous des citoyens attentifs ou des voyeurs)…D’autant que la parole -personnage principal,- entendue mais souvent hors champ du locuteur – se double d’un langage corporel, par les émotions qu’elle suscite, émotions lisibles sur les visages, sur certains gestes; Ainsi le visage de la mère, dont la caméra capte un pincement des lèvres, les yeux humidifiés par des larmes, des yeux inquiets brillants, face aux accusations proférées par l’avocate du père mais aussi plus insidieusement par l’avocat des enfants, ce visage donc si expressif contraste avec l’inexpressivité clinique ambiante, ce visage où se lit la tourmente de tout ce que cette "mère protectrice" a subi et ce qu’elle risque encore de subir si "on ne la croit pas". Serait-elle la perverse l’hystérique la manipulatrice? Celle que décrit l’avocate (du père) celle qu’accuse le père ? Une maso au point de prendre plaisir à langer son fils Etienne qui souffre d’encoprésie… Le spectateur à l’instar de la juge (dont le visage impassible n’apparaît pas de suite à l’écran) aura non seulement entendu les plaidoiries des différentes parties (qui se sont exprimées tour à tour); mais il aura vu les "ravages" d’un système …La prestation de l’actrice Myriem Akheddiou est impressionnante, tant elle vibre de justesse, de véracité, de naturel.
Les enfants ? car c'est bien de leur "protection" qu'il s'agit en priorité... Le film dénonce une violence institutionnelle qui oblige le frère et la sœur en l'occurrence, à "voir" leur père "violeur".. (Qui voudrait maintenir un lien avec son violeur ? Personne. Alors pourquoi les enfants, on les oblige à le faire ? s'insurgera Alice dans son plaidoyer pro domo)
Lila et Etienne encadrent ce film (prologue épilogue soit avant et après l'audience) Dès la scène d'ouverture Etienne le rebelle refuse de se présenter à l'audience il court s’enfuit, accuse sa mère, une mère déjà effondrée... Alice en est consciente ; cette nouvelle convocation ne fait qu’alourdir le trauma Or le système se doit de faire cohabiter protection (la victime) et présomption d’innocence (le violeur) !!!…-rappelons que dans ce cas précis une enquête est en cours au pénal :
La parole de l'enfant, censée être au centre, sera entendue, captée (et enregistrée) dans une autre salle, un autre huis clos hors champ celui-là…Après l’audience nous retrouvons Lila et son frère Etienne dans une brasserie souriants et moqueurs Sont-ils apaisés pour autant? Seraient-ils enfin " sujets" ? Qui les écoute ?
On vous croit s'affiche en gros caractères dans cet ultime plan qui leur est destiné...
à eux et aux 160000 enfants victimes de violences sexuelles chaque année, qu’on refuse aujourd’hui encore de voir.
Un film d'une puissance sugegstive à ne pas manquer!!