Colette Lallement-Duchoze

Abonné·e de Mediapart

588 Billets

2 Éditions

Billet de blog 22 avril 2024

Colette Lallement-Duchoze

Abonné·e de Mediapart

« La machine à écrire et autres sources de tracas » N. Philibert

Dernier volet du triptyque initié avec Sur l'Adamant puis Averroès et Rosa Parks, le film poursuit sa plongée au sein du pôle psychiatrique Paris centre. Ici, le cinéaste accompagne des soignants bricoleurs au domicile de quelques patients soudain démunis face à un problème domestique, un appareil en panne, etc.

Colette Lallement-Duchoze

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

avec Muriel Thouron, Frédéric Prieur , Patrice d'Hont, 

Wallid Benziane, Jérôme Délia, Goulven Cancouët

Synopsis "Dernier volet du triptyque initié avec Sur l'Adamant puis Averroès & Rosa Parks, le film poursuit sa plongée au sein du pôle psychiatrique Paris centre. Ici, le cinéaste accompagne des soignants bricoleurs au domicile de quelques patients soudain démunis face à un problème domestique, un appareil en panne, etc."

Ça frappe la tête, le silence. Quand tu es seule, tu penses à la mort. À la mort noire, pas à la blanche » (Muriel)

Ce troisième volet de la trilogie consacrée à la psychiatrie plonge le spectateur dans l’intimité de quatre patients. Nous pénétrons dans leur lieu d’habitation en dehors des structures hospitalières, dans ces résidences dites « inclusives » ou ces espaces minuscules et serons à leurs côtés le temps d’une « réparation » En effet suite à un dysfonctionnement technique (le ruban défectueux de  machine à écrire pour le poète Patrice,  panne de lecteur CD pour Muriel amoureuse de Joan Baez ou Janis Joplin, défectuosité de l’imprimante pour Yvan musicien  et son colocataire  Gad) ces êtres sont affolés ; démunis ils ne peuvent plus donner libre cours à leur créativité (poésie musique) ou bien  ils sont confrontés au vide abyssal du silence (Muriel). Yeux souvent hagards (effets de la prise de médicaments ?) mais sourires enfantins.

Et voici le duo de « réparateurs » ces « bricoleurs » qui après tâtonnements, analyse, questionnements vont redonner vie à ces objets momentanément hors d’usage et simultanément -et ce n’est pas simple métaphore- ils auront " réparé" angoisses et comblé la solitude quand ils ne contribuent pas à  "déblayer" l’encombrement asphyxiant où est censé « vivre » Frédéric Prieur ce spécialiste de cinéma et de littérature, collectionneur compulsif.

D’ailleurs Walid, Goulven, ou Jérôme sont des …..soignants…(membres de l’Orchestre en plus de leurs tâches médico psy ils aident à régler les problèmes matériels de patients) et ils savent que la souffrance mentale s’incarne dans ces objets

Nicolas Philibert hors champ est bien évidemment très présent (Muriel l’interpelle lui propose du café…) Il sait dans un espace très étroit varier plans et angles de vue (privilégiant solos duos ou trios au gré des interventions des uns et des autres) Donner à voir au spectateur l’âme spécifique du lieu en tant que reflet de celui qui l’habite ; aller à l’essentiel de ce que recouvre la maladie psychiatrique, « entre handicap invisible, désarroi, perte de repères et faillite pour une insertion professionnelle durable ».

Ce troisième regard porté sur la psychiatrie humaine, qui repose en grande partie encore, sur la parole" et "qui considère que les médicaments, ça ne suffit pas"  est une  leçon de vie 

Une leçon de cinéma aussi

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.