Avec Hiam Abbass (Souhila la mère de substitution), Younes Boucif (Mehdi) Clara Bretheau (Léa) Gustave Kervern (le patron Bernard), Laurent Stocker (Christophe le père de Léa) Malika Zerrouki (Fatima la mère de Mehdi) Agathe Dronne (Sylvie la mère de Léa) Birane Ba (Ibrahim) Inès Boukhelifa (Faiza une soeur de Mehdi)
Présenté dans différents festivals en 2025 (Arras Sarlat Bordeaux Saint Jean-de-Luz)
Mehdi avance sur une ligne fragile. Devant sa mère Fatima il joue le fils algérien idéal tout en lui dissimulant sa relation avec Léa et sa passion pour la gastronomie française. Chef de bistrot qu’il prévoit de racheter avec elle il voit Léa perdre patience face à tous ses secrets et réclamer une rencontre avec sa future belle-mère. Acculé Mehdi va alors choisir la pire des solutions
« j'ai mixé l'histoire de ta mère avec la mienne, ça fait double souffrance » (Souhila à Mehdi)
Exploiter un des ressorts de la comédie traditionnelle le travesti, le faux semblant, l’échange de rôles (cf Molière au XVII° et Marivaux au XVIII° ) entraîner le spectateur dans un voyage culinaire (l’art culinaire présenté comme le langage social par excellence) afin d’alléger le poids de la double identité et de la double culture franco-algérienne, tel est le parti pris d’Amine Adjina (dont c’est le premier long métrage)
Le prologue encode ce film fondé sur une métaphore culinaire. Légumes que l’on coupe en rondelles avec la maestria du spécialiste, légumes que l’on écrase avant de les faire mijoter alors que défile générique, gros plans qui se succèdent dans le bouillonnement haut en couleurs de la cuisson avec exhausteur de goût.
C'est à Lyon le lieu de travail de Mehdi (employé comme chef il est sur le point de racheter le bistrot avec son amie Léa). Lieu d’où il exclut une partie de lui-même, son identité et sa culture algériennes. Pour faire voler en éclats ce cloisonnement il accepte la proposition de Souhila (étonnante Hiam Abbas) qui « jouera » la mère de substitution
Et vogue le navire …aimanté de bonne humeur et de convivialité ….
Le bouchon -le bien nommé "le baratin"-, sera le théâtre des volte-face, du passage d'une "culture" à l'autre ou de rencontres abracadabresques.
Comique de situation (cf la scène de la danse du ventre dans un train, ou la mini séquence dans la cave de dégustation chez Christophe ) jeu d’oppositions (entre Fatima la conservatrice, et la pétillante Souhila censées incarner deux approches de l'existence ) rebondissements dus aux quiproquos, rythme soutenu , tout cela fait de cette comédie sur l’exil (la souffrance du déraciné incarnée par Fatima) la double identité (incarnée par Mehdi et ses sœurs) le poids des traditions, sur la tolérance et le rôle majeur de la femme, un régal pour certains (à l’instar des mets concoctés) et pour d’autres un simple divertissement - aux recettes assez lourdes –surcharge d’ingrédients et resucées pour reprendre la métaphore culinaire….