Colette Lallement-Duchoze

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Billet de blog 28 juillet 2025

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The Things you kill d'Alireza Khatami (Turquie 2024)

"Après plusieurs années aux Etats Unis, Ali retourne s'installer en Turquie avec sa femme. Dans sa ville natale, il retrouve sa famille, notamment sa mère qui vit un enfer sous le joug terrible de son père "

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 Tue la lumière telle est la phrase prononcée par le père d’Ali (Ekin Koç) dans le rêve que raconte sa femme Hazar (Hazar Ergüçlü), en ouverture du film ; en écho (au final) la même supplique du  père,  ensanglanté, à son fils ; il s'en vient gésir à même le sol dans la maison.....vide

Entre ces deux moments le film aura évolué entre chronique familiale, thriller et fantastique  lynchéen (?) dans l'exploration de la violence patriarcale ; tuer (symboliquement) le père despotique que le fils rend responsable de la mort "accidentelle" de sa mère (trop souvent tabassée humiliée) mais aussi tuer en soi ses propres fantômes, dont la propension au mal,  dictée par la soif de vengeance? après les avoir exhumés ? Et ce n’est pas pur hasard si Ali est "traducteur" (en expliquant à ses étudiants l’étymologie de "translate"  il évoque un étymon arabe qui signifie « tuer » : et si une page traduite était une « page de crime » ? ) Ce que "montrera"  par un jeu de "miroirs"  le cinéaste iranien Alireza Khatami (réfugié au Canada il a tourné ce film en Turquie) en mettant en exergue ces troubles de l’identité, liés à la transmission (devenir père quand son propre père est un tyran…)

Le rythme au tout début est délibérément assez lent dans la succession de saynètes (Ali sa femme Hazar et leur problème de « fertilité », Ali et ses étudiants, Ali et sa relation au père qui le méprise, Ali et sa mère invalide etc…) puis après le décès de sa mère, et après avoir engagé le "jardinier" Reza .., une forme d’ implosion  qui va tout " dévaster" : -le paysage dont l’aridité se craquèle, et le déferlement de la  "violence" qui, impérieuse, dicte paroles mensonges et comportements , le tout accompagné d'une  prolifération de "symboles" - excavations, puits, enfouissements-  le  "jardin" que "cultivait"  Ali (pis-aller, refuge contre  ses déboires professionnel et marital), est lui-même contaminé.

Les audaces du sur-cadrage dans le plan séquence d’ouverture n'étaient-elles pas les  prémices  de ce  " passage"  du " réel" au " fantastique" - comme si tout allait de soi…???

Laissons-nous entraîner dans cette odyssée mentale (même si, inquiétante, elle est parfois cauchemardesque....même si, insistante, elle se complaît parfois dans la surenchère ) 

avec Ekin Koç  (Ali) Hazar Ergüçlü ( Hazar) Ercan Kesal (Hamit) Erkan Kolçak KÖstendil (Raza) 

  Festival de Sundance 2025 - Meilleur Réalisateur Cinéma du Monde”

Reims Polar 2025 Prix de la critique Prix du jury 

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