Avec Guillaume Marbeck (Godard) Zoey Deutch (Jean Seberg) Aubry Dullin (Jean-Paul Belmondo) Adrien Rouyard (FrançoisTruffaut) Antoine Besson (Claude Chabrol) Bruno Dreyfrüst (Georges de Beauregard le producteur) Matthieu Penchinat (Raoul Coutard le cameraman)
Festival Cannes 2025 Compétition officielle
Ceci est l’histoire de Godard tournant "À bout de souffle", racontée dans le style et l’esprit de Godard tournant "À bout de souffle"...
Non pas refaire A bout de souffle mais le regarder sous un autre angle (en racontant sa fabrication)
A partir d’anecdotes vérifiables (écriture avec Truffaut, tensions Godard/Jean Seberg, utilisation d’un fauteuil roulant, d’une poussette, travellings sauvages, etc.) s’appuyant sur les "aphorismes" de Godard, le film restitue la naissance d’une écriture, … du seul point de vue du réalisateur : ou comment Godard s’empare du "collectif" -- producteur caméraman script acteurs et monteuses-, imposant ses diktats, et devient ainsi le « héros » du film. D’ailleurs n’affirmait-il pas "le cinéma n’est pas une équipe. On est toujours seul sur le plateau comme devant une page blanche"
Se perpétue avec ce film un des fondamentaux dans l’histoire de la Nouvelle Vague : comment des critiques de cinéma -nous les voyons au début dans le local des Cahiers du cinéma- deviennent réalisateurs et inventent le "cinéma d’auteur". De plus la division du "travail" correspond à un clivage genré (cf les rôles dits subalternes, script maquillage montage, sont exercés de préférence par des femmes) ce qui semble pérenniser un état de fait -que l’on peut observer bien avant le tournage d’A bout de souffle et qui prévaudra après…
Reprenons. Le film débute par une séquence d’ego surdimensionné, Godard se plaint d’être le seul des Cahiers à ne pas avoir "réalisé" son film. Puis nous le voyons constituer pas à pas son "équipe" (dont le producteur) et s’emparer des rues de Paris, tourner dans des chambres exiguës, discuter dans les brasseries, écrire au jour le jour une ou plusieurs séquences, décréter c’est tout pour aujourd’hui après les traditionnels "coupez" et ce sur les 20 jours qu’a duré le tournage. Des méthodes pour le moins fantasques que déplorent le producteur la script et Patricia. Or c’est peut-être là que résiderait l’intérêt majeur du film du cinéaste texan : à la construction méthodique correspond la déconstruction du genre " biopic" (comment le tournage fut à chaque instant déstabilisant, déroutant avec les risques d’abandon définitif, et comment le hasard fut aussi souvent de connivence grâce à son aide précieuse) Correspond aussi la déconstruction amusée d’un mythe ( ou comment un jeune auteur est terrifié à la simple idée d’être à bout de souffle…)
Vont apparaître des personnages connus ou non du public du XXI° ceux de la génération de Godard (dont Truffaut Chabrol) ceux de la génération précédente (dont Rossellini) mais aussi ceux que la postérité a délaissés (dont le premier assistant Pierre Rissient). Au niveau du casting, le choix a mis en évidence des "ressemblances" sans verser pour autant dans l’imitation servile, la liste serait longue…Les prestations de Guillaume Marbeck mais aussi de Zoey Deutsch et Aubry Dullin sont exemplaires!
Une mise en abyme à la fois admirative et insolente, ironique et tendre (Chaque plan dans la "reconstitution", minutieusement cadré, est un clin d’œil à …) Au final avant le générique de fin on entendra "Une p’tite MG, trois compères…Nouvelle vague" de Richard Anthony …)
Notre souhait était de donner au spectateur l’impression de plonger dans le Paris de Godard, en 1959. Nous ne sommes pas en train de regarder Godard et sa bande il y a soixante-cinq ans, nous sommes avec eux. C’est ça, la magie de Nouvelle Vague. (Michèle Halberstadt, productrice)
Pari réussi ?