Colette Lallement-Duchoze

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Billet de blog 29 décembre 2013

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Le géant égoïste

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

De Clio Barnard, avec Conner Chapman (Arbor), Shaun Tomas (Swifty), Sean Gilder (Kitten). Film présenté à Cannes 2013 (Quinzaine des réalisateurs).

Caméra à l'épaule, Clio Barnard nous immerge dans le quotidien de deux ados aussi dissemblables -par leur morphologie    et leurs ambitions- que complémentaires. A la "faveur " d'un renvoi de l'école, ils vont s'adonner (à cheval) à des activités illégales sous la férule du "géant égoïste" Kitten: la récupération    ou le vol d'objets métalliques usagés. Swifty amoureux des chevaux (et à un moment un gros plan fait fusionner son visage avec la tête de l'équidé) participera à des courses "illégales" (elles    aussi). Tout cela sur fond de crise, de chômage, de distorsion dans les rapports familiaux,  d'irresponsabilité des adultes (certains sont violents et/ou rapaces) dans la zone "industrielle"    de  Bradford. Un film tendre et violent, qui jamais ne verse  dans le misérabilisme..

Un "film social britannique"? Et l'on pense tout naturellement à Ken Loach, Mike Leigh (les pionniers incontestés) Certes.    Mais... Dans ce premier long métrage, Clio Barnard non seulement fait coexister réalisme, fantastique et onirisme, mais elle parvient au final à ouvrir sa narration à tous les possibles... Les  plans récurrents sur la centrale électrique abandonnée et les lignes à haute tension qui émergent du brouillard comme des fantômes scandent la narration et servent de contrepoint à cet autre plan    récurernt : la ligne d'horizon où se profile la procession immobile de chevaux (rêve et réalité). Le gros plan sur les mains qui se nouent se serrent (scène inaugurale) dit le réconfort    qu'apporte Swifty à son pote Arbor; en écho à la fin, le jeune Arbor toujours en proie à ses crises, recherche une main salvatrice et en surimpresion au visage de Swifty qui se dissout, celui du    frère junkie! Voici un gros plan sur la mère et l'enfant; d'abord une sorte de Piéta inversée -Arbor console sa mère désemparée car elle est dépassée par les événements-; à la fin après la    tragédie, l'étreinte consolatrice de la mère aimante aura valeur de "rédemption": (re) naissance d'Arbor

      ."Si vous vous ouvrez à l’amour, vous vous ouvrez aussi à la    souffrance" affirmait la réalisatrice....

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