Les Initiatives Océanes ont lieu traditionnellement le premier week-end de Printemps sur la côte basque. Cette année 2011, elles se déroulent du jeudi 24 au dimanche 27 mars. Opération emblématique de Surfrider Foundation Europe, il s'agit de sensibiliser à la problématique des déchets aquatiques couplées à une opération de nettoyage (plages, berges, fonds marins). Depuis deux ans, les bénévoles des Initiatives Océanes font face à un déchet nouvelle vague, échoué sur les plages de la côte basque. Il s'agit d'une petite rondelle de plastique. "Un disque de 4 cm de diamètre, explique Stéphane Latxague, responsable de Surfrider, un modèle appelé Biochip et utilisé dans certaines stations d'épuration comme support de fixation pour des bactéries. Des medias filtrants qui arrivent par dizaine de milliers sur la côte basque, et par centaine de milliers sur la façade atlantique de la Galice à la Vendée."
"Tout a commencé, précise François Verdet (Surfrider), par une pollution recensée à Corbeil Essonnes, le 11 février 2010. Ce jour-là, le propriétaire d'une péniche découvre des milliers de "camemberts" en plastique dans la Seine. L'association Robin des bois porte plaine contre X devant le TGI d'Evry pour pollution des ressources aquatiques. La brigade de police a estimé à environ 500 à 800 m3 de ces disques partis dans la Seine."
L'équipe de Surfrider mène l'enquête et découvre que l'Amérique non plus n'est pas épargnée. Hasard du calendrier, la station d'épuration Hooksett, inaugurée en novembre 2010, dans le New Hampshire, laisse échapper 4 à 5 millions de disques Bioship dans la rivière Merrimack, le 6 mars de la même année. Le 30 mars 2010, dans le Connecticut, un million de disques similaires apparaît et, début mars 2011, la station d'épuration de Mamaroneck dans la région de New-York en perd également une quantité importante. Idem sur les plages de Cantabrie en Espagne. A noter également, le 15 février 2010, des pêcheurs d'anguilles qui en ramassent des milliers sur le fleuve Miño, situé à la frontière de l'Espagne et du Portugal.
De fait, les fleuves ou rivières drainent ces intrépides petites rondelles vers l'océan. "Au Pays basque, explique François Verdet, on sait dans quelle rivière cette pollution prend sa source. Il s'agit de l'Oria situé à Orio (Euskadi). A partir de là, les rondelles sont diffusées sur toute la façade Atlantique."
Une seule chose de sûre dans cette affaire. Il s'agit bien de medias filtrants, présentés sous la forme de petites roues remplies de matière servant à dépolluer. " Un comble!, s'exclame Stéphane Latxague. Les produits qui se trouvent à l'intérieur des roues sont destinés à dépolluer l'eau. En réalité, l'eau sort bien propre, mais avec les medias filtrants ! Un des nombreux paradoxe que produit notre société"
Reste à identifier où se trouve la faille chez les utilisateurs de ces medias filtrants. Qui sont ces utilisateurs? En général ce sont les stations d'épuration. Elles sont gérées par des personnes publiques, privées ou des collectivités. Ces matériaux peuvent être utilisés également à l'intérieur des bateaux. Opérations de ballastages, problèmes techniques ? Au Pays basque, d'après les enquêtes menées par Surfrider et une cellule de veille "Gardiens de la côte" émanant de la même entité, il semblerait que ce dysfonctionnement soit le fait d'entreprises privées. Ces pollutions auraient soit des origines accidentelles, soit des manquements liés au processus. Surfrider, pour l'heure, se garde bien de tirer de conclusions hâtives. " Nous avons rencontré les responsables des principales entreprises qui utilisent ce genre de matériau pour les mettre en garde, précise François Verdet. Notre but est d'informer le grand public de la manière la plus large possible afin qu'il fasse pression sur les entreprises et les collectivités. Nous avons besoin des témoignages de tous. Ceux qui le désirent peuvent se rendre sur le site surfrider.64 où ils trouveront toutes les informations nécessaires et pourront remplir une fiche de témoignage."
Pendant ce temps, les équipes de nettoyage des Initiatives Océanes continuent à ramasser à la pelle ces horribles petits camemberts.