Suite au profond désaccord qui avaient opposé, le 9 février dernier (conf. article Médiapart "Bras de fer entre producteurs et industriels laitiers") les producteurs de lait de brebis aux industriels de la filière ovine des Pyrénées-Atlantiques, - un désaccord qui s'était traduit par la "séquestration" à Saint-Palais, durant la nuit du 8 au 9 février de cinq industriels -, les représentants de l'interprofessionnelle de la filière ovine se sont à nouveau réunis, lundi 28 février. Une réunion sous haute surveillance puisqu'elle s'est déroulée à la sous-préfecture de Bayonne en présence du sous-préfet.
Rappelons pour mémoire qu'un million et demi de litres de lait de brebis reste sans preneur sur cette zone alors que, dans le même temps, 7 millions de litres de lait sont importés du Tarn, de l'Aveyron et de l'Espagne. Le bras de fer du 9 février s'était soldé par un échec. Les producteurs demandaient un arrêt de la collecte locale de lait de brebis le 20 juillet. Les producteurs, pour leur part, souhaitaient qu'elle se poursuive jusqu'au 31 août, date effective de l'arrêt de cette collecte. " Dans ce laps de temps, expliquent les représentants des producteurs du syndicat ELB, les industriels importent du lait de brebis, 30 % moins cher que le nôtre."
Il s'agissait du premier point d'achoppement sur lequel l'arbitrage du sous-préfet était demandé. " Il faut que ce problème de lait sans preneur, argumentaient les producteurs, soit résolu aujourd'hui de façon acceptable et responsable. Si les producteurs venaient à accepter un arrêt précoce de la collecte, il n'est évidemment pas concevable que les laiteries continuent à fabriquer du fromage avec du lait importé et ce, jusqu'à ce que la nouvelle campagne commence. Nous demandons que pas un seul litre de lait de la zone AOC ne soit remplacé par du lait importé."
Deuxième point d'achoppement, l'accord interprofessionnel émis à l'issue de la confrontation 9 février, donnant obligation aux laiteries de s'approvisionner prioritairement en lait local. Les producteurs demandaient qu'un avis d'extension avalise cette obligation.
Transparence
La dernière revendication, émanant des producteurs, concernait le contrôle de la production, de la transformation et de la commercialisation de l'industrie fromagère des Pyrénées-Atlantiques. " Si aujourd'hui nous jouons le je jeu de la transparence, plaidaient les producteurs, il n'en est pas de même pour les transformateurs. Cette situation déséquilibre encore plus le rapport de force en faveur des laiteries qui s'appuient sur des chiffres et des argumentaires invérifiables pour les producteurs."
Au final, vers 20 h 30, lundi 28 février, les représentants des industriels, des producteurs et des syndicats ont signé un accord. La revendication portée principalement par le syndicat ELB, à savoir de poursuivre la collecte locale de lait de brebis jusqu'au 31 août, n'a pas été retenue. La collecte sera arrêtée au 20 juillet. Devant la sous-préfecture de Bayonne, environ soixante producteurs appartenant principalement au syndicat ELB manifestaient leur mécontentement, brandissant des banderoles portant l'inscription "Arrêt des importations / Kanpora esnerik ez".