C'est une décision qui risque de faire jurisprudence. Ce mardi 31 mai, le tribunal administratif de Pau a rejeté la requête déposée en référé par la ville de Bayonne pour demander l'expulsion à titre préventif d'un campement d'une centaine d'indignés qui ont investi, depuis mercredi dernier, le quai Chaho, espace public, situé au centre de la vieille ville. Un campement qui comprend une trentaine de tentes plantées autour d'une yourte collective.
Les indignés bayonnais ont appris la volonté du maire de les expulser, lundi 30 mai, dans la matinée. Deux policiers municipaux sont venus leur apporter une lettre de convocation à comparaître devant le tribunal administratif de Pau. Au motif suivant : " il s'agit d'un campement protestataire, qui, selon, Jean Grenet, député-maire de Bayonne, s'il se développe, est de nature à troubler l'ordre public (..) le site est au bord de la Nive dans l'emprise d'un secteur sauvegardé (...) et cette occupation porte donc atteinte à l'intégrité et à la conservation du domaine public."
Inutile de dire que cette convocation devant la justice n'a fait qu'attiser la révolte pourtant pacifique et très respectueuse du lieu investi par ces indignés. Selon Jonathan, responsable presse pour l'occasion et Jean-Noël Txetx Etcheverry, porte-parole des indignés : "nous veillons à la propreté du site avec mise en place de toilettes sèches, douche solaire, nettoyages quotidiens ... (...) de même l'alcool et la drogue sont interdits sur le campement." Dans le même ordre d'idée, des voisins du site ont témoigné spontanément sur la bonne tenue de ce campement.
Dans l'urgence, hier matin, les indignés ont dû chercher un avocat qui veuille bien accepter de les défendre à titre gracieux. C'est Maître Jean-François Blanco qui a accepté de le faire.
Jurisprudence
Ce matin, mardi 31 mai, à 10 h, le tribunal de Pau a rejeté la demande d'expulsion, considérant que " la commune de Bayonne n'établissait pas, sur le plan de l'hygiène et de la santé publique, que des nuisances seraient provoquées par l'occupation qui est faite de l'espace litigieux." Tout en reconnaissant le caractère "rudimentaire" des mesures d'hygiène prévues sur le campement.
Au sortir de l'audience, Maître Jean-François Blanco a qualifié cette décision " d'excellente. Elle risque de faire jurisprudence. La motivation de la ville de Bayonne était d'empêcher le développement de ce mouvement contestataire. J'ai plaidé contre cet acte de censure qui bafoue la liberté d'expression et de manifestation."
Du côté des indignés, l'annonce du rejet de la demande d'expulsion a provoqué une explosion de joie avec des applaudissements nourris au son du chant-hymme des indignés.