Après avoir suivi attentivement votre débat concernant l'affaire Cahuzac et lu vos différents articles, je vous transmets ci-après le message que je viens de poster à la rubrique "Ecrire au Président" sur le site de l'Elysée.
Monsieur le Président,
Après tant d'années de combines, d'évasions fiscales, de corruptions, de manipulations de l'opinion, de délinquance financière, de trafic d'influence, de conflits d'intérêts - et l'on pourrait continuer longtemps cette triste énumération; après tout cela que nous avons dû subir, d'abord en l'ignorant, pendant des décennies, lorsque ces agissements se tenaient dans l'entre-soi des réseaux de relations, des cocktails d'initiés, des antichambres de ministères, des couloirs de l'Assemblée Nationale, puis en le sachant - jusqu'à en avoir la nausée - lorsque l'injonction de "gagner plus" de l'ère Sarkozy a libéré l'arrogance de la richesse enfin décomplexée et fait sortir les loups du bois; après tout cela, vous n'avez pas le droit de laisser votre Gouvernement se compromettre un tant soit peu avec de telles manières de dissimuler la vérité et de se dérober à ses responsabilités.
Il est clair, me semble-t-il, que des doutes sérieux pèsent sur la probité passée de Monsieur Jérôme Cahuzac. Vous ne pouvez pas l'ignorer. Que se passerait-il si, après démentis et dénégations outrées et véhémentes, M. Cahuzac devait être confondu par l'évidence ? Le ministre précisément chargé de lutter contre la délinquance fiscale, lui-même compromis et, de surcroît, usant de ses pouvoirs politiques et de ses relations pour fuir ses responsabilités personnelles et privées. Le désastre serait immense et l'espoir de voir changer les choses en ce pays qui est le nôtre et qui vous a porté au pouvoir avec confiance serait mort-né. Mais surtout, la crédibilité de la gauche au pouvoir serait perdue pour longtemps, et nous avec, malheureux électeurs qui avons eu la candeur d'y croire.
Monsieur le Président, allez-vous laisser faire cela ?
Je vous en conjure ...
Mais puis-je espérer être entendue, moi qui m'adresse à vous depuis un petit hameau perdu du Centre Finistère, si éloigné de Paris où vous êtes ? ...
Je fais le choix de l'espérer encore.
Respectueusement vôtre,
Colette Tanguy
C'est sûrement une démarche naïve, mais qu'importe.
Je saisis cette occasion pour dire à la rédaction de MEDIAPART combien le contenu de ses articles nourrit ma réflexion et mes opinions.
Merci et surtout, tenez bon et continuez !