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Billet de blog 28 janvier 2013

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Libération de Georges Abdallah, au Liban son clan mobilisé

Alors que la décision du Tribunal d'application des peines concernant la libération de Georges Abdallah a été une nouvelle fois ajournée en France, au Liban, sa famille et ses partisans restent mobilisés "jusqu'à son retour à Beyrouth", affirme l'un de ses neveux.

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Alors que la décision du Tribunal d'application des peines concernant la libération de Georges Abdallah a été une nouvelle fois ajournée en France, au Liban, sa famille et ses partisans restent mobilisés "jusqu'à son retour à Beyrouth", affirme l'un de ses neveux.

Vingt-huit ans que sa famille attend sa libération. Vingt-huit ans que Georges Abdallah est incarcéré en France. Ce qui fait aujourd'hui de lui, le plus vieux détenu de l'hexagone. A Beyrouth, sa famille reste mobilisée, malgré les reports réguliers de sa libération. Une tente a été plantée en face de l'ambassade de France, et ses proches et partisans se rassemblent à chaque rebondissement judiciaire. Le 14 janvier, ils ont même bloqué la circulation pendant quelques heures (ce qui n'est pas sans conséquences dans une ville embouteillée comme Beyrouth). Les murs des bâtiments de la présence française (centre culturel, lycée français...) ont été tagués par ces mots : "France = pute américaine", "Elle est où la France de mai 68".

"Je sais que ça n'a pas forcément d'incidence sur la décision française. Mais je resterai là, jusqu'à ce que Georges soit libéré, et nous l'accueillerons ici, en face de l'ambassade française", déclare avec un air de défi son neveu, Salim Abdallah.

Petite parenthèse sur l'embroglio judiciaire avant de reprendre le fil de cette mobilisation libanaise.

Georges Abdallah a été condamné à la perpétuité en 1987 pour complicité de meurtre de deux diplomates, l'un américain, l'autre israélien. Le pistolet ayant servi à ces assassinats ayant été retrouvé dans un logement qu'il louait à Paris. Depuis 1999 il pourrait prétendre à une libération conditionnelle. Mais sur les sept demandes déposées, toutes ont été rejetées. Jusqu'en novembre 2012 où il obtient un avis favorable à sa libération. Cette dernière restant conditionnée par son expulsion vers le Liban.

La décision est donc aujourd'hui entre les mains du ministre de l'intérieur Manuel Valls. Celui-ci prend son temps. Le Tribunal d'application des peines (TAP) doit donc ajourner sa décision. Le 14 janvier, un report d'audience est décidé, faute d'arrêté d'expulsion, du fait également de l'appel du parquet pour revenir sur la décision de libération de Georges Abdallah. Ce lundi 28 janvier, la décision a été une nouvelle fois ajournée par le TAP.

Au Liban, les proches de cet ancien instituteur originaire de Qobayat (dans le nord du pays) et militant révolutionnaire, ne comprennent pas. Parmi la cinquantaine de personnes rassemblée devant l'ambassade de France rue de Damas, un air de famille plane. Frère, neveu, cousin, ils sont tous là. Bien sûr ils savent déjà que la décision a été une nouvelle fois repoussée. Bien sûr ils savent bien que la guerre au Mali leur vol un peu la vedette dans les médias français ces jours-ci. Enfin, ils reconnaissent qu'ils ne font pas le poids face à la centaine de forces de l'ordre serrée en rang d'oignons face à eux, derrière les barbelés. Mais en ce lundi ensoleillé, ils entonnent des chants à pleine voix : "libérez Georges Abdallah !".

Un membre de sa famille s'emporte face à nos questions :

"A supposer qu'il ait tout fait, la justice française a décidé de le libérer ! Qui décide du sort d'un prisonnier que la justice française a décidé de libérer ? Le ministre de l'intérieur, le Crif ou le droit français ?" (écoutez l'intégralité de l'interview en cliquant sur le lien ci-dessous)

abdallah by cailloo

 NB : dans l'interview il est question de Marceau et Yves Bonnet. Le premier est l'ancien chef des services de lutte antiterroriste français. Il a déclaré au moment de l'annonce de la libération de G Abdallah en novembre : "Georges Abdallah ne représente plus une menace et ses idées sont dépassées". Quant à Yves Bonnet, il avait relancé le débat sur la libération du libanais en 2011. Patron du contre-espionnage français au moment de l'arrestation de GA, il reconnaissait sur France 24 : "Cette injustice a assez duré ; elle a même dépassé les limites du raisonnable. Plus rien ne justifie son incarcération. Qu’on le mette dans un avion et qu’on le renvoie chez lui, au Liban, où les autorités sont disposées à l’accueillir."

La colère de sa famille et de ses partisans à Beyrouth reste sans effets. Un peu partout et notamment en France, des manifestations similaires s'organisent. Un comité de soutien existe sur le net. Vous pouvez le retrouvez ici.

Le Tribunal d'application des peines n'a pas communiqué de nouvelle date après cet ajournement et l'appel du parquet. Toute nouvelle audience nécessite que Manuel Valls ait signé l'arrêté de libération.

 Photos et vidéo Justin de Gonzague

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