J'ai 35 ans et quelques votes derrière moi, longtemps réfractaire à tout vote utile mais sensible au vote barrage.
Faisant partie de la génération de lycéens qui est descendue dans la rue pour dire non à Le Pen, nous qui ne pouvions voter à ce moment là mais heurtés en plein coeur par la défaite de Lionel Jospin.
La "gauche" et moi, c'est une longue histoire. Je mets des guillemets au mot gauche parce qu'aujourd'hui ya des gens qui arrivent à se persuader d'être de gauche tout en soutenant Emmanuel macron.
Issue d'une famille peu tournée vers la politique, mon premier souvenir remonte à un exposé secret sur Mitterrand que j'avais confié à ma maîtresse. J'en ai encore les railleries de ma sœur 20 ans après.
D'une nature très empathique, il me semble que j'ai toujours été naturellement de gauche, naturellement tournée vers les autres plutôt qu'à un certain entre soi véhiculé par la droite.
La gauche pour moi c'est la notion de partage et de protection. C'est le droit d'être révolté par ce que peut produire l'homme, le droit aussi d'espérer mieux.
J'ai des amis de tous bords politiques (à mon grand désarroi parfois), j'ai la chance de pouvoir débattre avec eux, d'être triste à cause d'eux ou contente de pouvoir partager et essayer de tendre vers autre chose.
J'ai déjà interdit à mon conjoint de monter dans la voiture à la sortie du bureau de vote s'il ne prouvait pas le vote à gauche. Oui j'entends déjà les commentaires, de gauche et en voiture?! Je suis pleine de contradictions, comme nous tous. Mais pas sans convictions.
Mes convictions se sont formées au fil de mes expériences professionnelles, en protection de l'enfance, auprès des gens du voyage, auprès des femmes victimes de violences, en psychiatrie, en milieu carcéral...
Il y a toujours quelque chose d'assez incroyable à entendre des gens de droite s'émouvoir: "je ne pourrais pas faire ce que tu fais!" "Ah bon, ça se passe vraiment comme ça?" "C'est affreux!"
Puis au premier fait divers, oublier et camper sur ses positions.
Aux dernières présidentielles, j'ai voté Benoît Hamon, parce que je croyais sincèrement à son programme et au personnage. J'avais débattu avec un couple d'amis qui me disait l'importance de voter Mélenchon au premier tour. Jétais en désaccord et trouvais important que mes idées s'expriment. Puis j'ai dû aller voter Macron au second tour.
J'avais pas trop peur de lui. Jme disais qu'on pouvait peut être en tirer quelque chose! Putain, je me suis bien gourée à ce moment là.
Le mec a fait semblant d'avoir quelques idées de gauche pendant 3 mois, après il a tout détruit, lors du 1er confinement d'un coup le mec découvre que les idées de gauche sont importantes, pis PAF, il redevient lui même, crache sur l'hôpital public, veut libéraliser l'école publique, persécute les réfugiés à Calais et oublie les enfants français restés en Syrie.
Il laisse la protection de l'enfance livrée à elle même (Coucou Cyrulnik), des tonnes de gosses sans solution, non protégés, des professionnels désabusés.
Je suis profondément révoltée par ce qu'est en train de devenir notre pays. Je ne comprends pas à quel moment on a arrêté de raisonner avec notre humanité.
Pour moi, dès dimanche ce sera Mélenchon, non pas en vote utile mais en vote convaincu. Un programme clair, construit et financé. Des idées pour la protection de l'enfance, pour les femmes victimes de violences, pour l'éducation de nos enfants et l'avenir de notre planète.
En cas d'absence de celui-ci au second tour, ne comptez pas sur moi pour encore voter à votre place ou par dépit.