
Le 4 août 2025, la police évacue pour la cinquième fois en trois semaines un même campement situé à La Chapelle, sous la ligne 2 du métro, sans aucun cadre légal.
Ce harcèlement revêt une violence physique, symbolique et matérielle qui impacte le moral et la santé des personnes qui y survivent.
Comme les précédentes, l’intervention se fait sans mise à l’abri, sans arrêté préfectoral, avec des humiliations, l’usage de la force.
Cette fois-ci l’ensemble des tentes et de nombreuses affaires personnelles sont détruites, deux personnes seront interpellées au commissariat pour ne pas avoir quitté les lieux, et les téléphones des personnes qui filment la scène sont cassés.
Nous avons besoin de vous pour continuer à interpeller la Préfecture de Police et la Mairie de Paris sur cette série d'expulsions violentes et illégales.
N’hésitez pas à relayer la vidéo de cette expulsion, ainsi que les trois témoignages ci-dessous des personnes vivant sur ce campement.
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Témoignage de Monsieur G. : « La police a commencé par venir ici sur cette partie-là. On a pris toutes nos affaires comme d’habitude et on est parti. C’était vers 8h30 ou 9h. Les trois policiers, c’est les mêmes que d’habitude, ils sont allés voir la partie là-bas pour leur demander de partir. Mais eux ils n’ont pas voulu, ils ont commencé à discuter, ça a duré longtemps, donc après ils ont appelé des renforts. Au moins cinq véhicules en plus sont venus. Ils ont arrêté quelques personnes. Après ils sont repartis donc a réinstallé les affaires comme d’habitude. Mais cette fois ils sont revenus après vers 11h, et ils ont refusé qu’on récupère les affaires. Ils étaient à nouveau avec le camion poubelle mais ils ont tout détruit, tout pris, lui là (montre quelqu’un qui dort à côté) mon collègue il est malade il a du mal à marcher et ils n’ont même pas voulu lui laisser un matelas.
Il n’y a qu’en France que les gens y dorment comme ça dans la rue, il n’y a pas ça dans les autres pays, j’étais en Allemagne moi je n’ai pas vu ça. Après ça ils sont revenus encore une fois, ils ont même dit qu’on n’avait pas le droit de rester assis là et qu’on devait aller plus loin. Il y a même l’un d’entre eux qui est un mineur qui était dans la tente et ils l’ont tiré sur plusieurs mètres, 4 ou 5 mètres, alors qu’il était dans la tente, je leur ai dit d’arrêter parce que c’est un mineur il ne devrait pas être là.
Cette fois ils ont tout pris. Il y a un monsieur il venait d’arriver, il avait son rendez-vous à l’OFII ce matin, il avait toutes ses affaires dans la tente, sa guitare, son album photo, ses médicaments, tout. Quand il est revenu tout était détruit, il était perdu le pauvre, il avait tout perdu. »
Témoignage de Monsieur A : « Ils se moquent de nous, ils font ça pour le plaisir. Quand ils passent derrière nous ils font des bruits pour appeler les chiens pour nous dire d’avancer. Ce matin ils ont pris deux personnes avec eux. Ils ont pris toutes nos affaires, nos tentes, nos chaussures, nos sacs, on n’a plus rien. Je n’ai pas d’argent, pas de maisons, pas à manger, pourquoi ils ont fait ça ?
Je me suis engueulé avec un policier quand je lui ai demandé, ils ont voulu m’attraper mais je me suis enfui. Maintenant j’ai peur de retourner sur le campement, ils m’ont fait comprendre qu’ils reviendraient pour moi. J’en ai trop marre de la France je veux plus rester ici. »
Témoignage de Monsieur D : « Ils m’ont demandé les codes de mon téléphone et quand j’ai refusé ils ont cassé mon téléphone. Regardez on voit clairement que c’est les coups des policiers qui ont cassé le téléphone comme ça. Moi je veux porter plainte contre eux pour ça, ce n ’est pas normal ils n’ont pas le droit. Quand j’ai demandé à récupérer mon sac ils l’ont jeté à la poubelle, et après ils m’ont plaqué au sol.
La police elle vient chaque semaine, des fois plusieurs fois par semaine, elle utilise les lacrymos, elle jette toutes les affaires et les tentes. Il y avait beaucoup de policiers ce matin, beaucoup de véhicules, des personnes en uniformes et d’autres en civils.
Nous on ne veut pas rester à la rue, on est pas des criminels, pourquoi ils nous traitent comme ça ? On est des réfugiés, on est venu de loin pour demander l’asile ici. »