5 ans déjà que notre collègue Lauriane AMAGLO s’est donnée la mort pendant la formation initiale de sapeur-pompier professionnelle, le 20 avril 2016.
Elle avait entamé sa formation le 1er février de la même année, blessée elle avait produit un certificat médical de dispense de sport suspect aux yeux de l’administration. Le SDIS 49 a informé le 19 avril 2016, Lauriane AMAGLIO dans un entretien où elle était seule confrontée aux représentants de son employeur, de son licenciement.
Dès l’après-midi de son décès, les cadres avaient un briefing de l’administration sur ce qu’il y avait à retenir de cet évènement dramatique.
La CGT majoritaire, demande un Comité d’Hygiène de Sécurité et des Conditions de Travail exceptionnel, seule une réunion sans les élus aura lieu, il faudra réaffirmer la demande. Et jamais la délégation d’enquête ne sera acceptée. Il n’y aura donc pas eu d’enquête sur l’organisation du travail.
Après quelques mois et de nombreuses passes d’armes sur le sujet du suicide de Lauriane, dont le fameux, ce n’était pas sur le lieu de travail, après vérification sur le cadastre, l’arbre est chez le voisin. L’employeur l’ignorait, il a même publié un mot le jour de son décès qui le prouve:

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Début 2017, pendant 12 samedis consécutifs des pompiers manifesteront devant la mairie d’Angers, pendant le grand marché avec des photos de Lauriane, et plusieurs samedis à Cholet et Saumur. Les micros et caméras des huissiers ne nous dissuaderont pas de revenir chaque semaine. Nous demandions la venue de l’inspection du travail, demande légitime mais soumise dans la fonction publique à l’accord de l’employeur, même après la mort d’un agent !!!
L’entretien entre l’inspection du travail et la direction du SDIS 49 aura bien lieu, et il donnera lieu à un rapport d’observations et de recommandations de la part des inspecteurs (comme pour l’ensemble des entretiens du genre des inspecteurs du travail).
Il aurait dû être communiqué aux membres du CHSCT mais pas au SDIS 49, qui niera l’avoir reçu, puis refusera de nous le communiquer pour la raison qu’il s’agit d’une correspondance privée entre l’inspection du travail et le directeur. La saisine de la Commission d’Accès aux Documents Administratifs n’aura pas été vaine, elle donnera un avis positif à la requête de la CGT pour obtenir le document.
Cela suffira-t-il pour que le SDIS 49 communique le rapport ? Non !! La CGT saisira donc le tribunal administratif de Nantes. Il donnera 8 jours au SDIS 49 pour communiquer le rapport. Ce sera fait le 8ème jour mais sur les 6 pages du rapport, la page 3 n’y sera pas, et de nombreuses lignes seront occultées.
Ils auront cependant la gentillesse de joindre leur réponse à l’inspection du travail avec là aussi la page 3 manquante sur les 4 pages que comprend le document. Une mention qui y figure est néanmoins révélatrice : « Aussi je doute que votre lettre d’observations contribue à l’amélioration du fonctionnement du CHSCT du SDIS de Maine-et-Loire au regard des incompréhensions et des incertitudes juridiques qu’elle met en avant. C’est pourquoi il me semble opportun que vous amendiez votre correspondance du 29 mars dernier afin que je puisse le partager sereinement avec les membres du CHSCT. ».
La bienveillance présumée des employeurs publics a beaucoup souffert dans cette histoire.…
Pour démontrer notre volonté de voir aboutir cette affaire, notre syndicat organise en accord avec la famille une course à pied en relais de 518 km, d’Angers à Grazac (Haute-Loire lieu d’origine de Lauriane) du 2 au 5 juin prochain de 6 à 21 h avec une arrivée prévue vers 15h le samedi. Les suicides dans le monde des pompiers est un vrai problème et devrait amener journalistes et militants tout au long du parcours.
Pour compléter le tableau, précisons qu’une audience au tribunal administratif de Nantes aura lieu le 26 mai avec : la démarche de la famille de Lauriane pour l’imputabilité au service du suicide de Lauriane (accident du travail), et le dossier CGT SDIS 49 contre le refus de délégation d’enquête (qui interroge l’organisation du travail dans le cadre du suicide de Lauriane).
Ne manque plus que la clôture de la procédure d’instruction pénale, qui nous apprendra si un procès suivra.
Le combat n’est pas terminé, l’affaire est à suivre…
Malheureusement il n’est pas recensé dans le monde des services d’incendie et de secours le nombre de suicides, ils l'ont été seulement à partir de 2018 et encore de façon lacunaire :

extrait du document bilan activité de la Mission Prévention des Accidents-Enquêtes réunion avec la DGSCGC du 8 avril 2021.
La culture du monde sapeur-pompier et le déni de nos employeurs publics ne permettent pas d’évoquer suffisamment la question du suicide pour pouvoir limiter sa survenue.
Le combat pour la dignité de Lauriane, c’est aussi ça
Affiche de l’évènement:
