Guadeloupe, lundi 1er févier 2016,
Madame La Ministre,
Hier, la terre a tremblé en Guadeloupe.
C’était un dimanche, nous étions en pleine préparation du Mas !
Alors nous nous sommes figés :
- La terre tremble…
- Oui…
Deux petites secousses, deux petites ondulations, et l’attente de savoir si c’était fini, ou si ce n’était que le début.
Cette fois, c’était fini.
Alors comme après chaque tremblement j’ai pensé à mon collège. Quelle sera notre réaction face aux enfants ? La fuite ? La stupeur ? La peur ?
Quelle sera ma réaction, alors que je sais, que nous savons, que vous savez, qu’ils savent que les collèges de Guadeloupe s’effondreront sur les enfants, sur nos enfants, sur l’avenir de la Guadeloupe.
La Nation s’inquiète pour les écoles de Marseille, elle devrait aussi s’inquiéter pour les collèges de Guadeloupe.
Notre collège est un bon gros bâtiment orienté plein sud, construit sur quatre niveaux, avec un ascenseur pour accéder aux étages, avec des terrains de sport, avec une SEGPA, avec tout ce qu’il faut en fait.
Sauf que…
Sauf que nous n’avons pas besoin d’être orientés plein sud en Guadeloupe, au contraire, le soleil nous nous en protégeons.
Sauf qu’un bâtiment de trois étages non conforté qui reçoit 986 élèves sur une terre qui tremble c’est 986 cercueils qu’il faudra assembler.
Sauf que l’ascenseur a trop pris la pluie et s’est effondré.
Sauf que le terrain de sport est fermé jusqu’à nouvel ordre, car trop dangereux.
Sauf que la SEGPA est vide de matériel mais pas vide d’élèves.
Nous avons alerté, nous avons mobilisé, nous avons communiqué. Nous avons respecté les hiérarchies, respecté les fonctions, et oui, bien souvent la forme est plus importante que le fond.
Personne ne nous répond.
Alors qu’attendent-ils, qu’attendez- vous pour agir ? N’aurons-nous que nos yeux pour pleurer, que nos mains pour compter les morts alors que tout aurait pu être évité ? Tout ce qu’il manque c’est de la volonté, la volonté du changement… Le changement c’est pour quand ?
Nous joignons à ces quelques mots dignes, quelques photos indignes.
Espérant que vous nous accorderez un peu de temps, veuillez croire, Madame la Ministre, en nos sentiments les plus désolés.
Le Collectif du Collège Félix Eboué