Message rédigé par des étudiant·e·s en sociologie de l'EHESS :
En novembre dernier, la motion adoptée par l'EHESS signait la fin de « tout partenariat avec des établissements ou des fournisseurs israéliens jusqu’à l’obtention d’un cessez-le-feu pérenne». Mais de quel cessez-le-feu parlons nous ? Celui qui conduit au massacre de plus de 420 palestinien.nes dans la nuit du lundi 17 mars au mardi sous les bombardements israéliens ? Et au-delà, de quelle pérennité serait justiciable un Etat coupable du saccage culturel, politique, économique, d'une terre et de son peuple ?
Les masterant·e·s de la mention sociologie de l'EHESS se joignent à l'appel au boycott du logiciel Ex-Libris déjà relayé par d'autres mentions et organisations du campus. Au-delà d'une mise en cohérence avec la motion adoptée par l'école, nous appelons à un droit d'objection de conscience, celui de refuser de se voir imposer malgré nous une complicité de fait au génocide toujours en cours.
Des alternatives existent pour la gestion bibliothécaire. A ce titre et tant que principaux/principales usagers et usagères, nous demandons à la direction de l'Humathèque une prise de position publique ferme. Nous demandons à ce qu'elle s'engage publiquement à changer de système bibliothécaire, et à adopter une alternative juste pour ses étudiant.e.s, enseignant.e.s chercheur.se.s et personnel.les.
Nous incitions également tous les usagers et usagères de l'Humathèque à signer individuellement ou collectivement cette pétition.
Signez la pétition ici
Texte de la pétition :
"La Bibliothèque de Recherche du campus Condorcet, l'Humathèque, ne doit pas reconduire son marché public avec Ex Libris (Clarivate) en 2027 prochain et opter pour une alternative juste. Ex libris (Clarivate) est une entreprise israélienne qui a établi un monopole sur la gestion bibliographique au sein des bibliothèques universitaires : c'est un des premiers fournisseurs de SIGB (système intégré de gestion de bibliothèque) des BU françaises. L'Humathèque a fait le choix du SIGB ALMA, produit d’Ex Libris.
Ex libris est une entreprise dont le siège a été construit et situé sur une terre occupée lors de la Nakba de 1948. Ce système de gestion est tout d'abord conçu et intégré par l’Université hébraïque de Jérusalem avant d’être soutenu par l’Etat d'Israël qui finance les bibliothèques universitaires israéliennes choisissant de l'utiliser pour la gestion de leur catalogue. Ex libris soutient indirectement l'occupation, l'apartheid du système colonial israélien et la violence quotidienne à l'encontre du peuple palestinien.
En continuant à utiliser Ex Libris, notre institution reste complice d’un système qui opprime le peuple palestinien. Nous, étudiant.e.s, enseignant.e.s chercheur.se.s et personnels refusons que nos outils de travail et de recherche soient liés à des entreprises qui participent à la colonisation et à l’apartheid. Nous exigeons que l’EHESS, l’Humathèque et le campus Condorcet prennent leurs responsabilités et fassent le choix d’une gestion bibliographique juste et équitable.
Ex Libris, loin d'être le seul système de gestion de bibliothèque, est facilement remplaçable. Les Bibliothécaires et Archivistes avec la Palestine (L.A.P) ont mis en avant[1] les alternatives proposées par SirsiDynix (Horizon, Symphony et BLUEcloud), mais aussi des SIGB OpenSource proposés par Biblibre (Koha), ByWater et Equinox (Evergreen ILS), le logiciel de propriété communtaire FOLIO par EBSCO ou encore WorldCat Discovery et Worldshare Management System (WMS), fournis par OCLC, organisation mondiale à but non lucratif au service des bibliothèques.
Il n'y a donc aucune raison valable, pratique comme éthique, qui justifie le maintien de ce marché public indécent. En revanche, les obligations légales de l’Etablissement Public Campus Condorcet au regard du droit international doivent l’inciter à s’abstenir de reconduire le contrat avec Ex Libris. En effet, en tant qu’établissement public créé par la loi n° 2017-257 du 28 février 2017, l’EPCC peut être considéré comme équivalent à un organe de l’Etat et par conséquent est soumis aux mêmes obligations de conformité vis-à-vis des normes impératives du droit international[2]. Cela doit donc l’inciter au respect des ordonnances de la CIJ visant à prévenir le risque de génocide en Israël Palestine et à ne pas prêter aide et assistance au maintien de la situation illicite créée par le gouvernement israélien à Gaza et dans les territoires occupés palestiniens.
Par conséquent, dans la mesure où l’État Israélien tire des recettes fiscales des relations économiques nourries par Ex Libris via sa contractualisation avec des bibliothèques universitaires françaises, ces échanges commerciaux doivent être interrompus jusqu’à l’obtention d’un cessez-le-feu réel et pérenne à Gaza et en Cisjordanie. Par ailleurs, nous ne souhaitons plus utiliser des outils qui encouragent la colonisation des terres palestiniennes.
Si l’Humathèque n'est actuellement pas en capacité d’utiliser un autre outil, nous demandons à minima à la direction de l'Humathèque de s'engager publiquement à changer de SIGB à l'horizon 2027 et d'adopter une alternative juste pour ses étudiant.e.s, enseignant.e.s chercheur.se.s et personnels.
Pétition à signer et relayer individuellement et collectivement. Ensemble, nous pouvons faire la différence pour la fin de l'oppression en Palestine - تحيا فلسطين "
Cette pétition a été relayée par le syndicat Solidaires Etudiant·e·s EHESS :
"La décolonisation est une démarche globale, qui doit aussi bien toucher la gestion de l'information que l'organisation des savoirs dans nos institutions. En tant qu'étudiant.e.s et acteur.ice.s du savoir, nous avons un rôle à jouer dans le refus de collaborer avec des structures impliquées, directement ou indirectement, dans des projets coloniaux. Dans la scolarité des étudiant.e.s de l'EHESS, c'est en partie à l'Humathèque via l'utilisation EX-Libris que nous sommes confrontés à une participation indirect à un projet coloniaux. Tout comme le comité Palestine nous demandons à la présidence de l'école et/ou directeur de l'Humathèque de se positionner publiquement pour ne plus confronter les étudiant.e.s à cette situation et donc à minima ne pas reconduire le contrat avec Ex-Libris qui arrive à son terme en 2027.
Refuser Ex Libris s'inscrit dans cette logique : il s'agit de désinvestir des outils produits dans un contexte colonial pour promouvoir des alternatives éthiques.
Nous appelons l’ensemble des étudiant.e.s, enseignant.e.s-chercheur.e.s et organisations de l’EHESS à se joindre à nous en signant la pétition."
Livret d'information sur Ex-Libris rédigés par "Librerians & Archivists with Plaestine"
Message de soutien des étudiant·e·s de la mention Territoire, Espaces, Sociétés de l'EHESS en soutien à la pétition :
A l'heure où nous écrivons, cela fait plus de trois semaines que le gouvernement israélien bloque l'entrée de la nourriture et de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza. Mercredi 18 mars 2025, une nouvelle attaque de l'armée sioniste a fait plus de 463 victimes, principalement des femmes, des enfants et des personnes âgées. Les violations répétées du droit international par Israël touchent aussi les réfugié.es palestinien.nes et les populations en Cisjordanie, en Syrie et au Liban. Ainsi le constat est clair : il n'y a pas de cessez-le-feu, seulement la perpétuation d'un génocide.
Il s'agit de la destruction et de l’annihilation, par Israël, de tout ce qui permet aux Palestien.nes d'être et de faire société. Les écoles, les universités, les maisons, les hôpitaux, les lieux de culte, les restaurants, les parcs, les routes, les oliviers, les cinémas, les lieux de la vie quotidienne et les espaces de l'existence : bombardés, dynamités, rasés au bulldozer par l'armée israélienne. Bientôt 50 000 vies sous les ruines, martyrs d'une lutte juste pour le droit à l'autodétermination, à la justice et à la dignité humaine. À terme, il s'agira pour l'entité sioniste d'implanter sur ces ruines de nouvelles colonies ; à ces colonies de prospérer tant et si bien qu'elles auront le pouvoir de rester encore. C'est précisément le cas de l'entreprise Clarivate, qui génère aujourd'hui d'importants profits depuis la terre de la Nakba et s'inscrit dans le projet d'une nouvelle Silicon Valley en territoires palestiniens occupés.
En novembre dernier, l'EHESS a adopté une motion appelant les institutions de recherche et d'enseignement à cesser « tout partenariat avec des établissements ou des fournisseurs israéliens jusqu’à l’obtention d’un cessez-le-feu pérenne». Néanmoins, l'Humathèque, principale bibliothèque de l'EHESS sur le Campus Condorcet, va à l'encontre de la motion adoptée. Nous devons donc le redire avec force : poursuivre le partenariat avec Clarivate et son système Ex-Libris est une forme de complicité avec la machine coloniale et le génocide des Palestinien.nes.
Nous, masterant·e·s engagé·e·s de la mention Territoires, Espaces, Sociétés, exigeons la fin du partenariat de notre institution avec ce système. Nous appelons l'EHESS et toutes les composantes du campus Condorcet à prendre leurs responsabilités, et espérons d’ailleurs que d’autres universités suivront.
Les étudiant.e.s engagé.e.s du master TES soutiennent les revendications mises en avant par le Comité Palestine Condorcet : l'arrêt du partenariat avec Ex-Libris et l’utilisation d’une alternative qui ne soit pas financée par un État colonial coupable de génocide, de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre.
Nous soutenons la pétition lancée par le comité Palestine, et vous invitons à la signer et à la relayer.
La voici : https://mensuel.framapad.org/p/petition-ex-libris-adb2?lang=fr
Pour la fin de la complicité avec le système colonial, génocidaire et perpétuant l'apartheid.
Des étudiant·e·s de la mention TES