La Reine des pommes aborde de manière burlesque la plus commune des situations amoureuses. En l'occurrence, une femme plaquée par son copain. Valérie Donzelli est comédienne. Elle avait réalisé un court métrage de fiction sur la grossesse (Il fait beau dans la plus belle ville du monde, 2008). La Reine des Pommes est son premier long. Elle l’a co-écrit avec Jérémie Elkaïm, comédien lui aussi. Elle joue le personnage d'Adèle. Elkaïm joue Mathieu, le premier amoureux d'Adèle, et puis tour à tour trois figures masculines que celle-ci va rencontrer de rupture en rupture.
La Reine est un beau film. Il plait pour la double raison de son ambition et de sa modestie. Ambition de remettre en scène frontalement le thème éternel du sentiment amoureux. Modestie d'un cinéma qui vise frontalement le cliché, y traine, et finalement finit par s'y trouver bien. D'où un récit qui ne craint ni ses temps fort ni ses temps faibles.
Le 17 décembre 2009, au Ciné 104 à Pantin Valérie Donzelli et Jéremie Elkaïm rencontrent Andé S. Labarthe lors d'une journée organisée par l'ACRIF (Association des Cinéma de Recherche d'Île-de-France). Ensemble, ils commentent une série d'extraits du film, des films de Labarthe (notamment sur Godard et Cassavetes), de Buñuel (L'Âge d'or), de Godard (Une femme est une femme), d'Eustache (La Maman et la putain) choisis par Labarthe et l'ACRIF.
Depuis plusieurs années l'ACRIF réfléchit à des manières nouvelles de montrer les films (et d'en parler). Ici il s'agit de proposer aux cinéastes de parler de leur propre travail en passant par les images d'autres cinéastes. C'est d'une part désamorcer une limite de la critique (ça restera toujours des mots face à des images disait Godard). Et d'autre part c'est tordre le cou à la question de la filiation – question à laquelle ici nous sommes sensibles. Contre l'idée que le cinéma d'auteur français est un héritage à exposer dans un musée, le prendre plutôt comme un outil. Outil que les cinéastes de notre temps utiliseraient pour rentrer dans le détail de leur propre travail.
À la place d'une critique de La Reine des Pommes, nous proposons ici une retranscription de cette journée. Qui n'est pas un commentaire de séquences. Ni une table ronde. Mais plutôt un dispositif critique. Une manière de rentrer avec précision dans l'esprit du film. Il s'agit aussi d'un défi, pour nous : vérifier s'il est possible de transférer sur (une revue) Internet ce type d'événement (ne serait-ce que pour des questions de droits, ce n'est pas évident). Forcément dans une autre forme, tout en gardant le même esprit.