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Billet de blog 21 décembre 2009

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SÉRIE CARMELO BENE, par Cyril Neyrat

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Pourquoi Carmelo Bene ?

Inutile de lui chercher dans le cinéma ou le théâtre contemporain une quelconque « actualité ». Depuis sa mort en 2002, aucun successeur ou héritier ne s’est manifesté. Dans l’Italie de 2009, toute la gauche politique et esthétique, dans son errance désabusée, psalmodie le nom de Pasolini, comme s’il n’avait pas vomi par avance ce que cette gauche est devenue. Le bloc de haine et d’amertume qu’était devenu Pasolini, dans les années précédant son assassinat, converti en Grand Consolateur et Réconciliateur : ce chef d’œuvre d’ironie nihiliste aurait amusé Bene.
CB repose tranquille, personne ne se réclame de lui. C’est sa plus importante réussite. Il y a travaillé toute sa « non-existence », employant sa rage et son génie à soustraire tout ce qui pouvait donner prise au contemporain, former matière à exploitation, reprise, identification. « Je ne crée pas de chef d’œuvre, je suis un chef d’œuvre », aimait-il répéter. Profonde affirmation d’inactualité, qui dit combien toute son énergie, œuvre et vie confondues, fut concentrée en une quête de l’Intempestif.
L’Intempestif n’appartient pas à l’histoire : absent à toute chronologie, présent à toute heure susceptible de se sentir visée par lui, de soutenir son éclat – alors sa parole foudroie, convertit, indique le Sud. Nietzsche, Lautréamont, Artaud, Bene. Chacun seul, inactuel, unis dans la constellation des intempestifs, la seule peut-être dont l’énergie résistera toujours à la neutralisation culturelle.

Carmelo Bene, donc.
Parce qu’il est le nom d’une force de négation et d’affirmation qui, perceptible dans les œuvres mais portant bien au-delà d’elles, attend d’être reconnue, soutenue. Alors reprendra peut-être le nécessaire et si négligé travail de destruction des fausses valeurs politiques, morales et esthétiques. Parce qu’il est le nom d’une puissance de légèreté, d’une promesse de lévitation. Le nom d’une musicalité inassignable, irreprésentable, sans usage. Il n’y a rien à attendre de Bene, sinon l’abîme qui, loin du monde, change la vie.
Films pour le cinéma, pour la télévision, lectures de poésie, scandales, bouffonneries et exploits cathodiques, écrits : au fil de cette série, toutes les actualisations de la puissance Bene seront visitées. Sous forme de textes, de notes, de collages, de questions et d'affirmations : un chantier sans fondations.

TABLE DES MATIÈRES :

#1 : CARMELO BENE, L’AVENIR D’UN SAINT IDIOT

#2 : LA MACHINE ACTORIALE

...

En avril 2009 a eu lieu au Magic Cinema de Bobigny une importante rétrospective Carmelo Bene. Le catalogue, dirigé par Dominique Bax et Cyril Béghin, compose le premier ensemble de textes et d’entretiens publié depuis trente ans, en France, sur l’œuvre de CB. Impeccable, indispensable. Tout comme les préfaces de Jean-Paul Manganaro à ses traductions, dont deux volumes ont paru chez P.O.L. Deleuze, Klossowski, Manganaro, Maurizio Grande, d’autres aujourd’hui : Bene a eu et continue à susciter des critiques à la hauteur de son exigence.

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