USA - Portland - Octobre 2025

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Entre le 8 et le 12 octobre 2025, quatre fronts de la crise systémique se sont simultanément embrasés, révélant l'accélération de la décomposition de l'ordre bourgeois mondial.
En France, le grotesque a atteint de nouveaux sommets : Macron, ce "forcené" selon Lordon, a reconduit Lecornu après sa démission dans un ballet institutionnel que la presse étrangère qualifie de "théâtre de l'absurde". Pendant que 86% des Français sont "navrés du spectacle", le bloc bourgeois montre son vrai visage : les médias oligarchiques hystérisent contre la taxe Zucman, les intercommunalités alertent sur des coupes "inacceptables", les associations suffoquent financièrement. La Ve République à l'agonie ne peut plus gouverner qu'en multipliant les chaises musicales tandis que monte l'appel au 15 novembre pour "dégager Macron et son monde".
Dans le Sud global, trois continents ont vu leurs régimes bourgeois vaciller simultanément. À Madagascar, une unité militaire a pris le contrôle de l'armée après une grève générale – Rajoelina crie au coup d'État mais son régime est épuisé. Au Maroc, la "GenZ 212" secoue le royaume pendant des semaines, forçant Mohammed VI à renvoyer son gouvernement : "Nous sommes la jeunesse, nous ne sommes pas des parasites". Au Pérou, Boluarte est destituée, incapable de gérer la crise qu'elle a aggravée. En Éthiopie, les forces Fano prennent ville après ville pendant que le Tigray appelle à un dialogue pour éviter la guerre. Partout la même logique : les bourgeoisies ayant appliqué les recettes néolibérales perdent à la fois légitimité et contrôle territorial.
Sur le front économique, les indicateurs convergent vers la rupture. La "phase finale de la bulle IA" commence – Oracle, Nvidia et OpenAI masquent un "gouffre financier" tandis que 19 milliards s'évaporent en 24h sur les cryptos. La Chine accumule de l'or pour le onzième mois consécutif, le Brésil mène la vague mondiale d'achats de métaux précieux : la dédollarisation accélère. En France, le chômage réel approche 23% quand l'officiel affiche 8%, les pharmacies vacillent, 40% des entreprises préfèrent l'IA aux jeunes travailleurs, l'industrie allemande s'effondre. Bernard Friot pose la question qui tue : "Pourquoi le crédit est le premier dogme du capitalisme ?" – au moment précis où ce système d'endettement perpétuel montre ses limites structurelles.
En Palestine, le génocide continue de révéler la barbarie impérialiste. Deux ans après le 7 octobre : 64 000 enfants tués ou mutilés selon l'UNICEF, 83% des structures de Gaza détruites. Le "plan Trump" n'est qu'une "sinistre mascarade" – Netanyahu menace déjà de reprendre la guerre pendant que 200 soldats américains arrivent "surveiller" un cessez-le-feu mort-né. Le Salon du Bourget est assigné en justice pour complicité de génocide : le complexe militaro-industriel français profite du massacre. Rima Hassan, de retour de la flottille, incarne "la génération Palestine" qui refuse la normalisation. Quand Maria Corina Machado reçoit le Nobel de la Paix qu'elle dédie à Trump, "la paix a perdu son sens" – les institutions bourgeoises ne servent plus qu'à légitimer les oppresseurs.
Et maintenant ?
Ces quatre crises ne sont pas juxtaposées mais organiquement liées : l'impasse institutionnelle française répond à l'impossibilité économique de poursuivre l'austérité, elle-même nécessaire pour maintenir la rente financière dont la Palestine révèle la violence fondatrice. Les soulèvements du Sud global répondent à l'épuisement d'un modèle néolibéral qui ne peut plus se reproduire. La question qui structure désormais l'actualité n'est plus "si" mais "comment" :
• Répression accrue : Comment les États bourgeois vont-ils tenter de maintenir l'ordre face à des populations qui refusent l'austérité et la précarisation ?
• Fuite en avant autoritaire : Trump qui militarise l'Amérique ville après ville en est l'avant-garde
• Escalade guerrière : Ce que le Moyen-Orient, l'Ukraine et la Corne de l'Afrique annoncent déjà
• Résistances populaires : Face à des pouvoirs qui ne peuvent plus gouverner comme avant, comment les peuples vont-ils refuser d'être gouvernés comme avant ? Madagascar, le Maroc, le Pérou donnent des éléments de réponse. Le 15 novembre français en sera-t-il un autre ?
• Coordination internationale : Ces fragments de révolte sauront-ils se coordonner avant que la barbarie ne l'emporte définitivement ?
Dans le prochain épisode, nous verrons si le cirque Macron trouve une nouvelle acrobatie, si les militaires malgaches consolident leur prise de pouvoir, si la GenZ marocaine tient dans la durée, et comment les différents fronts de résistance mondiale évoluent face à l'offensive généralisée des pouvoirs bourgeois. Car quand les institutions vacillent simultanément sur plusieurs continents, c'est l'ensemble de l'ordre capitaliste mondial qui entre en crise ouverte.
Pour le savoir, rendez-vous ce soir sur :
L'Actu en Continu du 15 Octobre 2025 - Le Club Mediapart

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