Mardi 3 décembre, les universités se sont massivement opposées au projet de loi de finances du gouvernement (désormais démissionnaire) qui réduirait leurs moyens de 500 millions d'euros.
De telles coupes pourraient conduire plusieurs dizaines d’établissements à fermer leurs portes.
Comment en est-on arrivé là ? On vous explique.
Ces dernières années, la priorité a été donnée au développement d’une offre privée d’enseignement supérieur, au détriment du service public.
Le secteur privé de l’enseignement a connu une croissance sans précédent : plus de 80 % d’étudiant·es supplémentaires en 15 ans, avec une faible capacité de contrôle de l’Etat sur la qualité de ces formations.

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Ce développement du privé est largement subventionné : 25 milliards d'euros, c’est le montant de la dépense publique pour l’apprentissage (y compris aides aux entreprises) d’environ 1 million d’apprenti·es, contre seulement 13 milliards d'euros pour les subventions des universités publiques, pour 1,6 millions d’étudiant·es.
Le choix est clair : soutenir la formation supérieure privée avec de l’argent public, bien plus que les universités.

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Moins de moyens pour plus d’étudiant·es, cela contribue à dégrader la qualité du service public de l’enseignement supérieur : plus d’étudiant·es à moyens constants, c’est une baisse de la dépense par étudiant·e, donc la baisse de la qualité du service rendu.
Une conséquence chiffrable, c’est la baisse de 17% du taux d’encadrement pédagogique en 15 ans.
La dégradation est considérable : il faudrait aujourd’hui ouvrir 8 300 postes supplémentaires pour retrouver les niveaux d’encadrement de 2010.

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Outre la qualité de l’enseignement supérieur public, la précarité étudiante a bondi ces dernières années, sans que les moyens n’évoluent en conséquence pour y répondre.
Ces choix de politique publique ont contribué à dévaloriser la place des étudiants dans la société, qui sont de plus en plus nombreux à rencontrer de graves difficultés, pendant et après leurs études.
En 2023, 26% des étudiant·es estimaient avoir des fins de mois difficiles ou très difficiles.
Réduire encore les moyens des universités dans le contexte actuel, c’est dégrader la qualité d’encadrement, fermer des formations, renoncer à rénover les bâtiments.
D’autres choix sont possibles pour soutenir l’Université publique et son rôle d’assurer une formation gratuite et de qualité à la plus large part possible de la population.
Un débat public sur ces choix est plus que jamais nécessaire.
Pour en savoir plus, notre rapport sur l’état des services publics est accessible en ligne en cliquant ici.
Ce rapport fait état de priorités, orientées massivement vers le secteur privé, sans régulation ni contrôle, au détriment du service public, essentiel pour donner à toutes et tous des perspectives de progrès.
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