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Billet de blog 11 août 2025

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Pompes sur mesure - épisode 25

Vingt-cinquième épisode de « Pompes sur mesure », écrit par le metteur en scène et ancien maître de cérémonie Robert Valbon, récit de son travail et de son vécu aux côtés des endeuillés.

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VINGT-ET-UN

Cet épisode illustre de façon lugubre le monde de la rétention. Nous savons que ça existe, il peut nous arriver de connaître quelqu’un qui est passé par la case prison, voire d’y avoir séjourné nous-même. Mais lorsque la pesanteur de l’État se concrétise par les boxes de l’institut médico-légal, ça fout un coup. Le bâtiment est connu des Parisiens, en bord de Seine et de métro dans le douzième arrondissement. Parfaitement bien intégré à l’urbanisme du quartier, plutôt agréable à regarder. L’intérieur est sans éclat, bien pensé et agencé ; en un mot : fonctionnel.

“Institut”,  “médico”,  “légal”… autrement dit, la morgue. Ça sent la mort. Pas la mort du corps rencontrée dans les chambres funéraires, les cimetières et les crématoriums. Non, la mort administrative avec ses plantons en uniforme, ses lois et leur application butée, sa froideur scripturale, signez ici et là. La mort légiste avec ses compartiments grillagés où la mort médicale est exposée. Cette mort-là suinte la domination du pouvoir et de l’ordre bourgeois… au sens marxiste du terme.

mardi 3

Enterrement C

Christophe S, 37 ans

Institut médico-légal Paris

Église C

Cimetière C

total impro !

faiblesse des mots mais importance de les dire, les entendre ensemble

au revoir

jeunesse de Christophe et injustice de sa mort

soulagement aussi

suicide, il en avait ras la casquette

parallèle avec le Christ (même surnom) qui boit du vinaigre (dixit le curé) depuis 18 ans

courage

beau gosse

quelqu’un veut parler ? (non)

poème : “Le Souvenir”

Paul m’apprend que le client est un handicapé sous tutelle, mort en prison, dans des conditions obscures, d’où l’Institut médico-légal et le refus d’une crémation par le procureur[1]. La mère est dominatrice (avec son compagnon) et le vrai père n’a pas reconnu son fils.

Paul a jugé qu’il fallait tout de même quelqu’un et ne fait pas payer à la famille ma prestation qu’il me règle quand même. Mon intervention au cimetière – quelques mots – reposera sur ce que j’apprendrai à la levée du corps et à l’église.

Bon, tout s’est bien passé. Je confirme : putains d’églises ! Même avec un prêtre sympa qui s’écoute parler et ne sait pas comment réagir face à un suicide (désormais toléré par la plupart des religions). En dépit des craintes de Paul qui a grossi le trait par rapport à la justice, je n’ai eu aucun problème à obtenir des infos de la mère qui fut très sensible à mon conseil d’aller voir son défunt fils. Ensuite, au cimetière sous la pluie, j’ai improvisé avec très peu de matière ; toute la famille m’a chaleureusement remercié.

Le porteur acariâtre était présent.

[1] J’ai cru comprendre que le procureur se réservait la possibilité d’une possible exhumation.

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