Pompes sur mesure - épisode 17

QUATORZE

 Parmi les cartes professionnelles disposées sur le comptoir des agences funéraires, je pioche celle d’une musicienne qui démarche les professionnels du secteur. Évidemment, ça me parle. Ça me chante même ! Il s’agit d’une jeune femme très motivée qui monte sa boîte spécialisée proposant de la musique en direct pour les obsèques.

Après un premier rendez-vous fin septembre, nous programmons une séance photos dans un cimetière. Pour l’occasion, je réquisitionne ma fille Alice et son violoncelle. Puis je propose un clip vidéo promotionnel. Sur une table de café, je griffonne un croquis pour expliquer mon idée ; nous réfléchissons au meilleur slogan possible et prenons date pour réaliser le projet.

Je travaille d’arrache-pied et réalise un story-board en douze vignettes. La dernière représente une foule au cimetière. J’ai profité d’un onze-novembre pour tourner cette séquence. Trop différente des autres prises (lumière notamment), elle n’a pas été conservée dans la version finale du clip.

Alice est programmée pour la partie musicale. Nous recrutons les différents acteurs du film et nous prenons rendez-vous par un beau matin de décembre, dans le même cimetière. Le cercueil et la couronne de fleurs sont obligeamment prêtés par l’agence citée au chapitre cinq. J’ai mis à contribution un jeune élève de ma compagnie de théâtre ; les parents et amis complètent la distribution.

Nous validons le film avec un joli banc-titre qui inspire confiance et curiosité. Mais un détail m’empêche de dormir : les ongles de mon comédien sont sales ! Nous tournons à nouveau le plan numéro cinq quelques jours plus tard, seulement lui et moi puisque j’incarne le père qui lui tient la main et verse une larme (vignette six). Mais encore une fois, pour une question de lumière, ce plan de rattrapage n’est pas conservé.

J’aime à penser que le clip a joué un rôle dans le développement de l’entreprise d’Aliette, même s’il n’a été diffusé qu’un temps sur la page d’accueil de son site. Plusieurs personnes l’ont finalement convaincue que ce petit film était trop triste.