Monsieur le Ministre de l’économie,
L’été dernier, vous avez publié un excellent livre intitulé « La bataille du Made in France ».
Page 22, vous y parlez de Bercy, et plus particulièrement de la direction du Trésor et de l’Inspection générale des finances.
Vous y déplorez leur excès de pouvoir, leur « arrogance », leur « esprit aristocratique » ; leur pensée « indécrottablement libérale et profinancière » ; leur « préférence dangereuse pour la finance plutôt que pour la production manufacturière ».
Maintenant que le décret n° 2014-404 du 16 avril 2014 relatif aux attributions du ministre de l'économie, du redressement productif et du numérique vous donne explicitement autorité sur ces deux administrations, que comptez-vous faire pour y remédier ?
Par ailleurs, page 106, vous racontez, fort bien, comment, « durant les premières semaines de son mandat, Roosevelt prit une série de mesures efficaces », notamment « le Glass-Steagall Act sur le champ bancaire », loi qui séparait les banques commerciales des banques d’affaires.
Considérez-vous que la loi dite de séparation bancaire promulguée le 18 juillet 2013 sépare les banques avec la même efficacité que le Glass-Steagall Act, ou bien pensez-vous, comme c’est notre cas, qu’il serait souhaitable de mieux faire, par exemple en soutenant la proposition de directive présentée par la Commission européenne le 29 janvier dernier, d’après les travaux de la commission Liikanen et des équipes du commissaire Barnier ?
Et, si c’est le cas, comme nous l’espérons, que comptez-vous faire pour soutenir cette proposition et surmonter les réticences du monde bancaire, notamment français, et de la direction générale du Trésor, qui est sous vos ordres ?
À présent, vous venez de faire, en vous réclamant de l'« esprit de Roosevelt », un ambitieux discours de politique économique générale.
Le Collectif Roosevelt s’en réjouit et se rappelle que vous avez été vous-même signataire des quinze propositions à l’origine du Collectif, quand vous étiez, il n’y a pas si longtemps, député et candidat potentiel à l’élection présidentielle.
C’est pourquoi nous prendrons la liberté de vous proposer un entretien, pour étudier avec vous comment nous pouvons vous aider, par nos réflexions, à mettre ces propositions en oeuvre dans une situation économique et politique qui s’est encore dégradée.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Ministre de l’économie, l’expression de toute notre considération et de toutes nos espérances,