Comme tous les mardis jusqu’au 15 juin, le collectif Roosevelt sera mardi 28 mai devant l’Assemblée nationale, de 18h30 à 20h30, pour pousser les députés à l’audace, les réveiller, les mettre face à leurs responsabilités. En présence de Dominique Méda, Pierre Larrouturou, Patrick Viveret, Bruno Gaccio, Guy Bedos et d’autres intervenants, il sera cette fois question des limites de la croissance pour lutter contre le chômage.
Le 13 février, un homme s’est donné la mort devant une agence Pôle Emploi. Il arrivait en fin de droit. Tous les mois, il y a en moyenne 20 000 chômeurs de plus et 80 000 hommes et femmes qui ne sont plus comptés comme chômeurs mais qui, en fin de droits, tombent dans la pauvreté. Au total, ils sont 100 000 chaque mois à être directement frappés par la crise. Sans compter les conjoints et les enfants !
Vu la gravité de la situation, est-il encore possible de miser sur la croissance pour lutter contre le chômage ? Non !
La croissance ne reviendra pas
Avant même la crise des subprimes, cela fait 30 ans que nous n’atteignions pas les 2,5% de croissance tant souhaités.
Depuis 20 ans, depuis qu’a éclaté sa bulle, le Japon n’a que 0,7% de croissance. Malgré des plans de relance pharaoniques (la dette publique arrive à 230 % du PIB), malgré une politique industrielle audacieuse (en investissant plus de 3 % du PIB chaque année dans la recherche et en créant des interfaces innovantes entre PME et recherche), malgré une politique monétaire ambitieuse (avec un taux d’intérêt collé à 0 %), le Japon n’arrive qu’à 0,7% de croissance en moyenne sur 20 ans. Et heureusement que les États-Unis et l’Europe achetaient ses produits d’exportation. Sinon, malgré tous ces efforts, sa croissance serait négative !
Cela fait 30 ans que nos dirigeants mettent des rustines pour éviter l’explosion, endiguer le chômage en attendant que la croissance revienne : « on voit le bout du tunnel », « tous les feux passent au vert », « nous sortons de la crise »… On en rirait si la situation n’était pas aussi dramatique !
Miser sur le retour de la croissance est une stratégie suicidaire parce qu’elle sous-entend qu’il n’est pas nécessaire d’inventer un nouveau modèle de développement : si la croissance revient, si la crise n’est qu’une parenthèse qui va bientôt se refermer, pas besoin de se creuser la tête pour inventer du neuf. Hélas (ou tant mieux !), la crise n’est pas une parenthèse. Il nous faut admettre que la croissance ne reviendra pas. Mais Bonne nouvelle !, on peut construire des formes nouvelles de prospérité, de justice sociale et de convivialité sans croissance.
Pas de honte à admettre que la crise est historique
La croissance ne reviendra pas. Il faut agir pour éviter la récession (on a vu mardi dernier qu’on peut aller vers l’équilibre des finances publiques SANS AUSTERITE) mais comprendre que la croissance ne reviendra pas et, très vite, inventer un nouveau modèle de prospérité sans croissance. On en parlera mardi prochain !
« Il n’y a pas de fatalité à la crise pour peu qu’on ait l’énergie pour trouver des solutions afin de la surmonter », expliquait Laurent Mauduit le 14 mai devant l’Assemblée. Pour trouver des solutions, il faut d’abord se mettre en route pour les chercher. Ce qui suppose de faire son deuil d’une croissance qui reviendrait et règlerait tous les problèmes comme par magie.
Pour réveiller les députés, pour leur donner énergie et courage, Venez nombreux devant l’Assemblée nationale ! Rendez-vous tous les mardis de 18h30 à 20h30 place Edouard Herriot, juste derrière l’Assemblée.