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Les joueuses de l'Equipe de France de Football se sont très défavorablement distinguées de la majorité des autres équipes lors de l'Euro 2025 en ne portant pas le brassard arc-en-ciel en signe de solidarité avec la population LGBT, alors même que le contexte étant rendu plus favorable par un nombre record de footballeuses lesbiennes "out" participant à cette compétition.
Pire. Les parallèles avec la situation toujours verrouillée du football masculin en France révèlent une tendance inquiétante.
D’abord par la similitude avec le choix délibéré, honteux et même revendiqué des joueurs et de la FFF de ne pas porter le brassard “One Love” lors du Mondial au Qatar en 2021, alors que sept fédérations européennes et leurs joueurs s’étaient courageusement opposés à l'interdiction de la FIFA dans cet Etat qui persécute les LGBT.
Lors de l’Euro 2025, encore une fois, la France se situe dans le bottom des fédérations qui, de fait, refusent d’exprimer leur soutien à une population dont les droits sont de plus en plus menacés, dans un contexte international de plus en plus hostile. On attend à ce propos que la FFF s’exprime sur cet enjeu particulièrement sensible dans la perspective du Mondial qui se jouera l’an prochain dans l’Amérique trumpiste.

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Un parallèle évident également dans l’absence coupable de préparation de joueuses françaises devant le choix proposé par l’UEFA, organisatrice de l’Euro 2025, de porter (ne serait-ce qu’une fois) le brassard arc-en-ciel. La FFF, informée dès le mois d’avril, a en effet confirmé auprès de Mediapart ne pas avoir informé les joueuses de l’existence de ce brassard.
Comme pour l’opération-fiasco “maillots arc-en-ciel” de la Ligue de Football Professionnel, rien n’est jamais anticipé sur cet enjeu sensible, les principales et principaux concernés ne sont pas consultés et préparés en amont, et les conditions sont plus ou moins volontairement créées pour que rien ne se passe bien.
Pourtant, il y a à l’évidence dans le football, masculin et donc aujourd’hui féminin, un blocage spécifique à exprimer publiquement un simple signe de soutien à la communauté LGBT. Car tout le monde le sait : enquêtes, témoignages, propos et comportements mettent en évidence un niveau de LGBTphobies particulièrement élevé dans le football. Et cela appelle nécessairement un message spécifique comme le port du brassard arc-en-ciel.
Et si parmi les motifs de blocage, il y a des convictions religieuses, comme cela a déjà été le cas officiellement parmi les footballeuses et footballeurs, alors il faut le dire, en parler sereinement, dans le respect, et trouver ensemble des solutions conformes aux droits, aux règlements et au devoir d’exemplarité.
Aujourd’hui, dès maintenant, c’est à la FFF d’identifier les motifs pour lesquelles les joueuses de l'Équipe de France n’ont pas porté le brassard arc-en-ciel lors de l’Euro 2025 alors que son président a indiqué récemment vouloir renforcer la lutte contre les LGTBTphobies dans le football, et d’indiquer clairement et concrètement ce qui sera demandé (ou pas) aux joueuses et aux joueurs dans les futures compétitions internationales quant au port du brassard arc-en-ciel.
Une expression publique de la Ministre des Sports, autorité de tutelle de la FFF, serait la bienvenue pour aider à sortir de ce bourbier à répétition.
Mais c’est aussi aux joueuses, individuellement et collectivement, de profiter de leur temps libre retrouvé pour bien réfléchir aux conséquences de leurs choix. De s’inspirer, par exemple, d’Elena Milari, la capitaine de l'Équipe d’Italie qui a défié, par le port de ce brassard arc-en-ciel lors du match contre l’Espagne, le gouvernement violemment LGBTphobe de Giorgia Meloni.
La capitaine de l'Équipe de France, Griedge Mbock, justifie le refus de porter le brassard arc-en-ciel en ces termes: « On a un groupe qui représente vraiment toutes les causes possibles ».
Mais l’enjeu dépasse largement celui de son collectif : il est celui d’une société dans laquelle 67% des personnes LGBT interrogées ont déjà été témoins ou visés dans le cadre sportif par une insulte homophobe telle que « pédé » ou « gouinasse », et 44 % victimes d’une agression physique pour le même motif.
Alors dans ces conditions difficiles, douloureuses, on ne vous demande pas plus que de porter ce “bout de tissu” arc-en-ciel. Mais on ne vous en demande pas moins.